Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 206]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. AUDIBERT.

indispensable de la sécurité d'un service de chemins de fer;

principale et il restait une lacune importante entre Valence

il savait en même temps quel empire acquiert, sur ses

et Lyon, quand éclata la guerre d'Orient; les transports

subordonnés de tout rang, un chef qui n'ignore aucun détail de la tâche confiée à chacun d'eux et qui leur a laissé voir qu'en fait de capacité pratique, il est leur maître à tous. Même au prix des soins les plus pénibles, M. Audibert ne pensait pas que le succès fût trop chèrement acheté. Il

énormes de troupes et de matériel de guerre, qui en furent la conséquence, devinrent donc, pour cette exploitation

incomplète et pour son chef, une épreuve d'autant plus

avait, d'ailleurs, su grouper autour de lui un noyau de

vité. Secondé par le personnel dont il avait pris tant de

collaborateurs intelligents, dont les qualités de son caractère et de son esprit lui eurent bientôt conquis la confiance et le sympathique respect, et qui, animés par son exemple, se dévouèrent à partager avec lui les travaux les moins conformes à leur éducation et à leur vie passée.

soin de former les premiers éléments, M. Audibert suffit à

Le chemin de fer de Marseille à Avignon était à peine ou-

térêts (l'une compagnie qui avait déjà pris de vastes propor-

vert, lorsqu'éclata la révolution de 148. On se rappelle le désastreux effet qu'eurent les événements sur des sociétés naissantes, bien loin alors d'inspirer la confiance que le public leur accorde aujourd'hui. La compagnie du chemin de fer d'Avignon à Marseille plia sous le coup porté à sa situation financière; elle fut placée sous le séquestre. Bien que la mesure fût au fond conservatoire et tutélaire et que le représentant de l'État se fût attaché à garder le concours du directeur, M. Audibert comprit bientôt que sa position devenait fausse et se tint à l'écart. De 1848 à 1851, il se consacra à la direction des houillères de la Grand'Combe, où l'avait appelé la confiance des principaux actionnaires, également intéressés dans l'entreprise du chemin de fer et qui avaient su y apprécier ses services.

tions et dans laquelle les pouvoirs furent de bonne heure fortement concentrés aux mains de la direction, M. Audibert apportait, dans l'examen de toutes les grandes questions, une hauteur de vues, une rectitude et une sûreté de jugement, qui lui assurèrent une légitime influence dans la discussion des conventions de 1857-58. 'Lorsque la fusion des deux compagnies de Lyon à la Méditerranée et de Paris à Lyon, stipulée en principe dans

En 1852, la compagnie de Lyon à Avignon fut constituée

et s'annexa bientôt les chemins de fer d'Avignon à Marseille, du Gard et de l'Hérault. M. Audibert n'avait jamais officiellement quitté ses anciennes fonctions ; il se trouva donc naturellement appelé à en- reprendre l'exercice et à diriger l'exploitation de la nouvelle compagnie. Celle-ci .n'avait pas même complété la construction de sa ligne

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critique qu'il ne fallait pas cesser de pourvoir aux exigences du service commercial, qui n'avait rien perdu de son acti-

tout.

Si assidûment que l'occupât la direction du service impor-

tant dont il était spécialement chargé, elle ne l'absorbait pas. Associé sans réserve à la connaissance de tous les in-

les traités de 1857, s'effectua en 1861, l'ensemble des lignes fusionnées constitua l'entreprise la plus vaste qui eût été jusque-là réunie dans les mêmes mains. Le directeur général et le conseil d'administration de la nouvelle compagnie n'hésitèrent pas dans le choix de l'homme à qui ils pouvaient confier sans crainte la direction de son exploitation : ils la remirent à M. Audibert. La responsabilité eût été écrasante pour tout esprit médiocre ; sans se dissimuler le poids du fardeau, M. Audibert ne s'en effraya pas : il sentait sa valeur, il aimait le travail. Cependant il ne lui échappait rien des devoirs qu'il contractait, .en acceptant cette tâche : loin de considérer seulement la grande oeuvre de la fusion comme une opération financière, il comprenait