Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 113]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE IL ,ÉLIE DE BEAUMONT.

de 1870 et 1871 ,,.édatèrent sur Paris, :qu'il ne voulut pas quitter un seul instant. L'aménité :de son abord et son exquise politesse répondaient 'à une bonté età un désir 'd'obliger dont le souvenir restera gravé dans le coeur d'un grand nombre de personnes, appartenant aux positions les plus diverses.

M. Élie de Beaumont créa au Collége de France renseignement ,de la :géologie. Durant plus de vingt ans, il n'y eut pas dans toute l'Europe un géologue, un minéralogiste, qui ne vînt s'instruire auprès de lui. M. de Beaumont était chef d'école ; ses idées, ses méthodes, propagées dans le monde entier par ses disciples, portaient au loin le bruit

Qu'il me soit permis, illustre maître, comme à, l'un de vos anciens élèves, de joindre le tribut personnel d'une res-

pectueuse affection et d'une profonde gratitude à l'hommage que je vous apporte de la part du corps auquel vous avez appartenu pendant cinquante-cinq ans, et où votre nom sera toujours conservé, comme à l'École ,des mines, avec une auréole de gloire.

DISCOURS DE M. LABOULAYE, Administrateur du Collége de France.

Messieurs,

Je viens, au nom du Collège de France, adresser un dernier adieu à notre cher et regretté collègue M. Élie de Beaumont.

Il nous appartenait depuis plus de quarante ans, c'était notre doyen. En 1832, la mort de M. 'Cuvier laissa vacante la seule chaire d'histoire naturelle que possédât le Collége de France. Des concurrents déjà célèbres se présentaient pour recueillir , l'héritage du maître. Néanmoins, tout en demandant la d.sion de la chaire, l'assemblée ,des professeurs choisit à la presque unanimité M. Élie de Beaumont. Elle pensa, sans doute, que, par l'originalité et la grandeur de ses découvertes, personne n'était plus digne de succéder à l'illustre Cuvier.

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de Qsounanndel. l'âge

et la fatigue l'obligèrent à renoncer à l'enseignement, il ne voulut pas- se séparer de nous et prit

pour suppléant un ami dévoué. Comme M. Biot, il tenait à vivre et à mourir professeur au Collège de France. C'était le membre le plus assidu de nos réunions ; il y représentait

la tradition et l'expérience. Ce n'était pas seulement ses conseils qu'il nous apportait, c'était aussi son influence. Il était toujours prêt à rendre service. Chaque fois qu'il y avait une démarche à faire auprès du ministre, un profès-

seur à récompenser, un préparateur, fût-ce même un humble auxiliaire, à encourager, M. Élie de Beaumont se mettait en avant ; il s'estimait heureux quand l'autorité de

son nom lui permettait de venir au secours de quelque savant oublié. Sa bonté n'était pas moins inépuisable que son savoir.

C'est là, Messieurs, un 'éloge -bien -modeste à joindre à tant de louanges si justement méritées ; mais, en face de ' cette tombe qui nous parle de notre fragilité, il est permis de croire, il est doux d'espérer que, devant le juge suprême, les vertus de l'homme ne pèsent pas moins que le génie du savant.

Adieu, cher et vénéré collègue. Votre 'nom est notre gloire ; nous le garderons dans nos coeurs avec reconnaissance et respect, et nous le transmettrons à-nos successeurs comme celui du parfait modèle du professeur et de l'homme de bien.