Annales des Mines (1874, série 7, volume 6) [Image 112]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. ÉLIE DE BEAUMONT.

numental est tellement connu et apprécié qu'il serait super-

flu de rappeler quels services il a rendus à la science, en

de Beaumont ne cessa de se signaler depuis son entrée dans la carrière d'ingénieur furent hautement appréciés

même temps qu'à la richesse nationale, par des applications très-diverses, qui s'étendent depuis l'art des mines jusqu'à l'agriculture. Pendant les dix-huit années qui, grâce à l'activité surprenante des explorateurs, suffirent à son achèvement, M. Élie de Beaumont publia, en outre, une série de

par l'administration supérieure. Inspecteur général, il avait été appelé, en 1861, à la vice-présidence du conseil général des milles; depuis la même année, il était grand-officier de la Légion d'honneur; il faisait partie du Sénat dès l'époque de sa formation.

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mémoires que je ne puis essayer de rappeler et qui ont exercé la plus vive influence sur le rapide essor pris par la géologie pendant cette période. On sait quel retentissement universel ses recherches sur l'âge relatif des chaînes

de montagnes eurent, aussitôt après leur apparition en 1829, même bien en dehors du monde savant, et quelle impulsion cette synthèse neuve et hardie imprima aux études géologiques. Une note sur les émanations volcaniques et métallifères, parue en 1847, où des rapprochements fon-

damentaux sont pour la première fois mis en lumière, fera également époque dans la science. De hautes conceptions géométriques sur la disposition des chaînes de montagnes ont continué à occuper M. Élie de .Beaumont jusqu'à la fin de sa carrière. Personne n'a étudié si complètement les accidents mécaniques de refoulement et de contraction dont l'écorce terrestre présente de toutes parts de saisissants vestiges. En 1827, M. Élie de Beaumont avait été appelé à suppléer son maître à l'École des mines pour l'enseignement

de la géologie; en 1835, il fut nommé titulaire de cette chaire. Tous les auditeurs qui ont attentivement suivi ses leçons y voyaient apparaître, à côté de faits analysés de la manière la plus précise, des vues originales et profondes

qui les faisaient pénétrer dans l'explication des phénomènes; les nombreuses publications auxquelles ce cours a servi de base attestent quelle a été son importance dès l'origine. Des services aussi éclatants que ceux par lesquels M.,Élie

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Lorsqu'en 1868 arriva l'âge obligatoire de la retraite, M. Élie de Beaumont reçut la satisfaction de ne pas se séparer de son professorat à l'École des mines, à laquelle l'unissait un attachement en quelque sorte filial; cet attachement était d'ailleurs bien réciproque de la part de tous ceux, fonctionnaires, élèves ou employés les plus humbles, qui recevaient journellement des marques de son extrême bienveillance. En même temps, l'administration avait voulu lui confier, à titre de mission spéciale, la direction de la carte géologique détaillée de la France, suite naturelle de l'exécution de la carte géologique générale et du contrôle qui lui avait été réservé sur la publication des cartes départementales. La mort l'a surpris dans l'exercice de ces deux fonctions.

Renommé dans sa jeunesse, comme Saussure, pour son intrépidité dans les ascensions de montagnes, observateur des plus pénétrants, doué d'une étonnante mémoire, qu'il

a conservée jusqu'au dernier jour, muni d'une érudition dont ses cours, ses ouvrages et ses nombreux rapports à l'Académie des sciences permettent d'entrevoir la vaste étendue, M. Élie de Beaumont possédait à un degré éminent des qualités qui expliquent son rôle capital dans les progrès de la science.

Sa conscience, son sentiment rigoureUx du devoir, un entier dévouement à ses fonctions, se sont manifestés pendant toute sa carrière, sans qu'il ait pu être arrêté par les circonstances les plus difficiles ou les plus périlleuses, notamment lors des malheurs qui, pendant les années néfastes TOME VI, 1874.

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