Journal des Mines (1813, volume 33) [Image 142]

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SUR L'HISTOIRE DE LA FAERICATION

fondre le fer naquit en Suède ; il en est ainsi de presque toutes les inventions utiles. Mais, au milieu des conjectures auxquelles on peut se livrer, la plus probable est celle qui lui attribue une origine fort ancienne. En effet , l'agriculture était établie en Suède avant l'arrivée d'Odin , ainsi que d'excellens historiens le présument, non sans fondement, cela ne sufpas pour faire supposer que les habitans de ce pays n'étaient pas étrangers dès-lors à l'usage du fer ?II est possible de concevoir que des hommes réunis puissent se passer de ce métal , si la nature les a placés sous -un 'heu-

reux climat et si la terre féconde s'empresse de satisfaire à leurs besoins. Mais il n'en ést pas ainsi dans un pays dont le sol dur et pierreux ne produit n aturellemen t.que des arbres stériles , et qui, étan t couvert une bonne partie de l'année de glace et de neige, exige, pour être mis en valeur .pendant la courte duréede la saison propre aux travaux de la campagne, des moyens puissans et expéditifs. Un tel pays , sans le secours du fer, pourrait avoir peur ha bitans des Nomades,

tels que les Lapons ; mais il n'en nourrirait qu'un très-petit nombre; et, puisque l'histoire, ou les traditions qui en tiennent lieu', nous montrent le Nord habité de bonne heure par des peuplades assez considérables, on est forcé

'de supposer qu'elles se livraient à l'agriculture, et par conséquent qu'elles faisaient usage du fer. Dira-t-on qu'il leur était fourni par des nations plus civilisées ? Ce serait une supposition gratuite et que rien ne - confirme ; tandis que

des monurnens irrécusables attestent qu'il a

ET DU COMMERCE DU FER EN SUi'DE.

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existé dans le Nord des usines à fer bien avant les teins historiques. Ces in.onumens , ce sont les amas de scories que l'on rencontre disséminées au milieu des forêts les plus épaisses, et portant tous les caractères d'une grande an-. cienn.eté dl en existe(de semblables en An cfleterre

et la tradition les rapporte non aux anciens Bre-

tons, mais aux Scandinaves. On leur donne

même vulgairement le nom de scories des Da-

nois (danes-cinders); et Dudley, auteur anglais, qui en parle vers l'an i600 , dit que sur quelques-uns de ces amas de scories, on voyait

de son' teins des chênes prêts à tomber de caducité. Or, si l'on calcule le temps qu'il a

fallu pour que la végétation s'établit sur ces sco-

ries, et pour que des chênes pussent y prendre

racine et y parvenir au terme dé leur durée, on remonte naturellement par la pensée au teins où les peuples de la Scandinavie, tantôt ravageaient la Grande-Bretagne, et tantôt y

formaient des établissemens. Que dirons-nous de ces bâtimens de mer ca-

pables de porter chacun deux ou trois cents hommes, et que les habitans du Nord réunissaient en flottes nombreuses ? Pouvait-on les

construire sans employer du fer ? Ce métal n'était-il pas d'ailleurs indispensable pour les armures de ces tems anciens ?

et ces armures étaient fabriquées dans la Suède comme l'attestent toutes les chroniques anciennes , qui nomment même les ouvriers célèbres en ce genre. Peut-être les anciens habitans de la Suède reçurent-ils de leurs voisins les premières leçons