Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 271]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

516

EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

En mars 1855, M. l'ingénieur en chef François, envoyé à Luxeuil pour examiner les travaux à faire au point de vue du captage des sources, constata que l'affluence de l'eau ferrugineuse n'était plus que de 4.750 litres ; elle avait donc diminué de moitié depuis trois ans. M. François fit faire en conséquence de nouveaux travaux de recherches, et découvrit un puits de captage très-ancien, maçonné sur un diamètre intérieur de om,5o et une hauteur de 1'1,65, auquel on donna le nom de puits Romain : il contenait des eaux thermales ferrugineuses ayant 2 5 à 24 degrés de température, et c'est de là que partaient les tuyaux de distribution qui se rendaient jusqu'alors au bain des Capucins. On mit ce puits à découvert et l'on remarqua que les eaux qu'il contenait étaient un mélange, d'une part, d'eaux salines thermales ayant 27° à 520 1/2, et produites par plusieurs griffons dont quelques-uns ferrugineux, et d'autre part, de suintements ferrugineux dont les uns coulaient

sur la roche, tandis qu'on voyait les autres s'élever audessus des atterrissements qui la recouvraient. Ces eaux ferrugineuses se rassemblaient dans de petites cuvettes établies à dessein au-dessus de la roche, et se rendaient de là dans le puits Romain par trois rigoles en pierre qui débouchaient à .sa partie supérieure dans les directions nord. est, est et sud-sud-est. Les griffons qui se présentaient à l'état de mélange, et que l'on avait d'abord considérés comme formés d'une eau thermale ferrugineuse, ont toujours été trouvés d'autant plus riches en fer qu'ils étaient plus froids ; au delà de la température de 3o degrés, ils ne contenaient plus aucune trace de fer, ce qui prouve, ainsi du reste qu'on l'a vérifié surabondamment par les travaux

du Temple, que cette eau n'est qu'un mélange de filets thermaux chlorurés sodiques, mais non ferrugineux, avec d'autres filets ferrugineux froids. Le puits Romain fut remplacé par un nouveau réservoir établi d'après les mêmes principes, c'est-à-dire assis comme lui sur la roche, mais

EAUX THERMALES DE LUXEUIL.

offrant une capacité utile de 18.690 litres

517 ,

qui peut

être portée à 45. 000 litres en relevant le déversoir; et l'on parvint à y réunir 15.000 litres de suintements ferrugineux et 5o.5oo d'eaux thermales, en tout 44. 000 de débit journalier d'une eau qui a la température de 27 degrés. On fut en outre conduit à pratiquer dans le terrain, et à proximité du puits Romain, une galerie dans laquelle on fit d'importantes découvertes au point de vue archéologique. On y rencontra d'abord une série de colonnes régulièrement espacées ; et comme c'est au même endroit que fut trouvée en 1781 la célèbre inscription votive DIVA AVXI BRICIA REG CAE AVG COS

TIB ET PIS DEDICA TVM TEMPLV lu

(Divce auxiliari Brida; regnante Ccesare Augusto, Consulibus Tiberio et Pisone dedicatum Templurn)

on regarda ces colonnes comme les ruines du temple élevé à la déesse Bricia, et l'on donna à la galerie de recherches le nom de galerie du Temple. Disons en passant

que la déesse Bricia, qui était en grande vénération à Luxeuil, présidait aux eaux thermales ; c'est de son nom que semble venir le nom de la rivière le Breuchin, qui arL rose la vallée, de même que le nom de Luxeuil vient luimême de Lixivium (eau chaude, d'où le français lessive). Une autre découverte que l'on fit dans la galerie Temple, et qui se lie de plus près au captage des sources, c'est celle d'un canal antique, de "',5o de hauteur, dont les murs, épais de on',4o à om,5o, ne comportent en largeur qu'un seul bloc de pierre, et qui est recouvert par des dalles plates, le tout attestant par sa forme et par le choix