Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 167]

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

DE L'ACIER E'E DE SA. FABRICATION.

les fontes en présence de scories fortement basiques. Mais l'épuration n'est jamais parfaite, et les moyens font surtout

Enfin, MM. Naylor et Vickers, fabriquent à Sheffield, depuis plusieurs années, presque exclusivement du fer homogène et de l'acier ordinaire, soit par la méthode de réaction, soit en fondant directement de petits morceaux

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défaut, lorsqu'il s'agit d'éliminer quelques autres corps, tels que le cuivre, le nickel et l'arsenic. En résumé donc, il reste encore vrai de. dire qu'on ne peut obtenir de bon acier si l'on ne se sert de matières premières pures. Cémentation et fusion simultanées au creuset.

Chalut et Clouet ont préparé de l'acier, dès le siècle dernier, en fondant le fer doux aveci à 2 p. ioo de poussière de charbon. Mushet a pris en Angleterre, vers 18o o , un brevet d'inven-

tion pour le mode même de fabrication. Et dès lors, plusieurs fabricants ont préparé l'acier fondu en grand par ce procédé. Je citerai, en particulier, MM. Fénéon et Frichou qui ont appliqué la méthode, à Saint-Étienne, dès 185o, dans l'usine des Rives. On fondait au creuset les limailles et tournures de fer ou d'acier, de la fabrique d'armes, en y mêlant un peu de charbon de bois. L'usine a marché ainsi

avec succès près de vingt ans. L'acier n'était pas, à la vérité, de première qualité, mais son prix de revient était peu élevé. D'autres fabricants de la Loire ont aussi appliqué et appliquent encore la même méthode pour utiliser des rebuts divers, tels que bouts de barres, rognures, etc. On produit ainsi de l'acier commun. En 1859, William Vickers de Sheffield et Heath demandent l'un et l'autre des brevets pour la fabrication directe de l'acier fondu. Le premier prend 100 de tournures de fer, 3 de peroxyde de manganèse et 5 de charbon de bois ; le second, un mélange de fer, de matière charbonneuse et de i à 3 p. 100 de carbure de manganèse. En 1856,, Joseph Bennet Howell réclame un brevet pour produire, avec un mélange analogue, de l'acier doux qu'il appelle métal homogène.

de fer avec 2 p. loo de poussière de charbon de bois. Leur usine contient 144 fours à deux creusets, recevant chacun 24 à 25 kilog. de métal. On voit, par cette revue rapide, que la préparation de l'acier , par cémentation et fusion simultanées, est devenue réellement un procédé pratique. On peut traiter ainsi toute sorte de fer, mais la bonté de l'acier dépend nécessairement de celle des fers. Un métallurgiste américain, AL Farrar, avait bien assuré, il y a quelques années, qu'à l'aide de certains mélanges (formés surtout de cyanures alcalins), il pouvait non-seulement rapidement carburer et fondre les fers, mais encore les épurer et obtenir de bon acier avec n'importe quel fer. Son Excellence M. le ministre des travaux publics nous chargea, M. Rivot et moi, d'assister aux expériences de M. Farrar et d'éprouver les aciers produits. Nous reconnûmes, comme on devait s'y attendre, que de bons fers donnaient de bons aciers, mais aussi les

fers communs, de l'acier inférieur cassant à froid et à chaud. Ici donc le procédé d'épuration reste également à trouver.

En somme, la fusion immédiate au creuset est un procédé simple et facile à appliquer ; mais on arrive difficilement à un degré aussi fixe de carburation qu'en fondant, selon la méthode ancienne, un mélange d'aciers cémentés, triés avec soin au sortir des caisses..