Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 166]

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

les recherches de M. Cailletet, qui a bien rencontré de l'azote,

est si vrai, que les fers mous qui renferment naturellement le moins de carbone et, par suite, le plus de parties oxydées, se couvrent précisément d'ampoules plus nombreuses et plus fortes. M. Fremy assure aussi qu'on ne peut préparer de l'acier avec les fers phosphoreux, sulfureux ou siliceux, parce que leur azotation serait impossible (*) . Que ces fers impurs ne

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de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone dans le gaz qui

s'échappe des caisses de cémentation, mais non du cyanogène ni des cyanures (. Je reconnais l'exactitude des analyses, ruais non celle des conséquences qu'en tire M. Margueritte. Le cyanogène et les cyanures se décomposent trop aisément, en présence du fer, pour résister à son influence. C'est le potassium et non le cyanure qui doit se volatiliser. On sait, au reste, que les cyanures et les cyanoferrures alcalins sont des agents de cémentation très-énergiques, et qu'on en fait depuis longtemps usage dans les arts, pour l'aciération du fer. Je ne puis donc admettre la théorie de M. Margueritte, qui nie la formation des cyanures, ni celle de M. Caron, qui assure que le carbone ne peut être apporté au fer que par un gaz (**). La vérité est entre deux. A mon avis, d'après ce qui précède, la cémentation, telle qu'elle est pratiquée dans les usines, paraît surtout due au charbon solide, mais résulte aussi de l'action carburante de plusieurs gaz, auxquels vient enfin se joindre très-probablement le cyanure de potassium. Avant de clore cette discussion un peu longue sur les causes de la cémentation, qu'il me soit permis de relever encore quelques assertions un peu hasardées de M. Fremy. Ce savant affirme que, dans l'ancienne théorie, les ampoules de l'acier cémenté ne s'expliquent pas (**). Cela serait vrai si le fer en barres était parfaitement pur. Mais qui ne sait, dans les forges, que le meilleur fer renferme toujours des particules scoriacées que IP cinglage n'a pu expulser? Or, dès que le carbone pénètre dans une barre, il réduit ces silicates et dégage de l'oxyde de carbone. C'est ce gaz qui disjoint les barres et produit les ampoules ; et cela (*) Comptes rendus, t. LX, p. 5ziti. (**) Comptes rendus, t. LH, p. 658 et 680. (***) Comptes rendus, t. LH, p. 627.

puissent donner un acier tenace, cela est évident ; mais dire que leur carburation, ou aciération, est impossible dans les caisses de cémentation, cela serait aussi peu exact que de prétendre qu'on ne peut obtenir des fontes avec les minerais sulfureux, phosphoreux ou siliceux. L'erreur vient de la différence, si peu justifiée, que M. Fremy a toujours

voulu établir entre les termes de carburation et d'aciéra fion; tandis qu'en réalité, je ne saurais assez le répéter, c'est une seule et même opération, donnant toujours, selon la durée du travail, la température des caisses et la nature de l'agent carburant, de l'acier d'abord, de la fonte ensuite. L'important est de conduire l'opération assez lentement pour que le carbone ait le temps de pénétrer au centre des barres, sans surcarburer les parties externes. J'ajouterai, avec M. Margueritte, que le procédé actuel de la cémentation remplit ce but. Ce n'est pas lui qu'il faut chercher à modifier. Le problème à résoudre est plutôt d'obtenir de bons fers avec n'importe quel minerai. Or, sous ce rapport, il reste beaucoup à faire; non-seulement on ne sait pas épurer le fer, mais on ne connaît même pas l'influence spéciale de chacun des éléments étrangers sur les qualités essentielles du fer, de l'acier et de la fonte. On élimine assez bien le soufre, en grillant les minerais ou les fondant avec un excès de castine. Au moment de l'affinage, on enlève aussi le manganèse et le silicium, et même une partie du phosphore, lorsqu'on maze ou puddle

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(*) Comptes rendus, t. Ut, p. 635.