Annales des Mines (1867, série 6, volume 12) [Image 168]

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DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

DE L'ACIER ET DE SA FABRICATION.

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Voici donc comment on opère aujourd'hui à l'usine Cémentation et fusion an cubilot.

Double affinage.

[Procédé Parry (*)].

La cémentation et fusion simultanées au creuset ne peu-

vent donner de bons produits que si les fers eux-mêmes sont purs. Mais ce qui est impossible à réaliser par une opération unique peut l'être, jusqu'à un certain point, par un double ou lriple affinage. C'est le principe du procédé Parry.

Les fontes anglaises ordinaires sont phosphoreuses et sulfureuses ; on ne peut les transformer en aciers marchands ni par réaction, ni dans l'appareil Bessemer. Le soufre et le

phosphore restent en majeure partie dans le produit final. Mais lorsqu'on puddle ces fontes dans un bain de scories basiques, on réalise l'expulsion de la majeure partie des deux éléments ; c'est un fait aujourd'hui bien établi. M. Parry

assure qu'il a souvent constaté, à Ebbwvale, que le soufre est ainsi ramené au tiers de sa teneur primitive, et le phos-

phore au quart ou au cinquième. On peut contester les chiffres ; ils doivent varier avec le mode de travail; mais le fait lui-même de l'épuration partielle n'est pas douteux. Le fer, ainsi épuré par le puddlage, est recarbure dans un cubilot de 5 à 4 mètres de hauteur sur om,5o à o",6o de diamètre. En se servant de coke pur et de castine en

excès, on obtient de la fonte blanche à 2 ou 5 p. iOo de carbone, que l'on affine pour acier. Cette dernière opération devait être faite par le procédé Martien de Newark, dont la compagnie d:Ebbwvale s'était rendue propriétaire pour le Royaume-Uni ("). Des difficultés diverses firent cependant adopter bientôt, pour ce dernier travail, la cornue Bessemer. (*) Brevet anglais de i86i, n0 2900 du .8 novembre. (**) Brevet anglais do 1855, n" 2.82 du .5 septembre.

d'Ebbwvale (*). On recarbure dans le cubilot, dont je viens de parler, des

bouts de barre, des rognures, des massiaux puddlés, des fers de toute provenance. Pour faciliter le travail, on y ajoute une certaine proportion (poids égal en général) de bonne fonte d'hématite. Le produit coule directement dans la cornue Bessemer, où l'on affine pour fer doux, avec recarburation finale, par addition de fonte manganésifère, selon le mode généralement suivi. Le produit obtenu est suffisamment tenace pour supporter le laminage et donner des rails et des fers à T. C'est un acier commun, ou fer homogène ordinaire, mais qui pourtant, par le fait de son. homogénéité même, sera toujours plus tenace que le même fer, mis en paquet et soudé au réverbère. On voit donc que le procédé Parry, Comme le travail par réaction, et mieux que ce dernier, à cause du double affinage, permet d'utiliser, pour la fabrication de l'acier commun, des fontes et des fers de qualité ordinaire. A la vérité, la recarburation et le double affinage augmentent les frais. Le prix de revient de l'acier l'arry excéderait le prix de l'acier Bessemer, si l'on devait traiter des matières identiques. Mais l'avantage du nouveau procédé réside précisément dans cette faculté de pouvoir affiner des fontes moins chères que celles que réclame l'appareil Bessemer.

Pour que le fer homogène et l'acier fondu puissent, dans l'établissement des voies ferrées et dans les grands travaux de construction, prendre la place des barres laminées ordinaires, obtenues par soudage, il faut ne pas être réduit à l'emploi exclusif des minerais purs. Toute méthode qui ne sait pas traiter les minerais communs, restera fort (*) Notes manuscrites do M. Michel Lévy, élève ingénieur des mines.