Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 218]

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FONDATIONS HYDRAULIQUES. 4,4 un contrôle officieux, destiné à éclairer les entrepreneurs

qui les font fonctionner sur la bonne ou mauvaise disposition des organes qui les composent. Nous allons examiner successivement chacun des moyens indiqués par M. Triger. Explosions. Les explosions sont des accidents qui occasionnent presque toujours la mort des ouvriers. L'essai des appareils à une pression au moins double de

la pression maximum à laquelle ils doivent fonctionner est une mesure essentiellement utile, aussi bien que l'établissement de deux soupapes sur l'écluse. Il en est de même de l'établissement de plusieurs manomètres placés notamment en vue du mécanicien et dans l'intérieur des tubes; mais nous ne pensons pas qu'il con-

vienne de rendre ces mesures obligatoires par un règlement administratif comme celui qui régit les appareils à vapeur, parce qu'alors l'administration assumerait sur elle la responsabilité de l'inefficacité de ces mesures, dans le cas où il arriverait encore des accidents. Il vaut mieux, suivant nous, ne pas déplacer cette responsabilité, et la laisser peser tout entière sur les ingénieurs et sur les entrepreneurs qui sont les plus intéressés à prendre toutes les précautions nécessaires pour sauvegarder la vie des ouvriers qu'ils emploient, et qui ont toute l'instruction nécessaire pour diriger, exécuter et surveiller des travaux de ce genre.

Éclusement et déséclusenzent trop brusques. -La compression, en élevant la température, détermine une vaporisation d'eau, et la dilatation, en l'abaissant, provoque la condensation partielle de la vapeur qui s'est formée. Ainsi le déséclusement rend l'air froid, glacial même, et nébuleux par la condensation de l'eau. C'est ce qui explique l'empressement avec lequel les ouvriers font jouer le robinet pour sortir du sas.

PROCÉDÉ DE M. TRIGER.

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L'impression que l'on ressent pendant l'éclusement varie suivant la nature des individus, l'intensité de la pression et la rapidité avec laquelle on manoeuvre le robinet, niais le malaise que l'on éprouve dure peu, surtout lorsque l'opération est faite avec la lenteur nécessaire pour que l'air qui remplit les organes puisse se mettre en équilibre avec l'air envahissant; et l'on est généralement assez d'accord sur ce point que les souffrances que l'on éprouve au début ne présentent aucun danger et que le séjour dans l'air comprimé n'a rien de malsain en lui-même. Mais il n'en est pas de même d'une dilatation trop brusque. Si l'entrée et le séjour dans les tubes sont le plus souvent sans danger, il ne paraît pas en être de même de la sortie ; de là ce dicton des ouvriers tubistes : « On ne paye qu'en sortant. » Sur ce point cependant, les avis des hommes compétents sont encore partagés, et l'on peut citer des faits qui tendraient à prouver qu'un déséclusement trop lent serait dangereux, et qu'un déséclusement rapide serait sans inconvénient. Aux mines de Douchy, où des travaux ont été faits avec des appareils à air comprimé et où le déséclusement s'opérait d'une manière tellement lente qu'il durait jusqu'à vingt minutes, des accidents graves et nombreux se sont produits. Sur le chantier du pont du Scorfl Lorient, où le déséclusement s'opérait en 5o, 20, et même io secondes, des milliers d'hommes ont passé par les sas,

et deux seulement ont péri; un surveillant d'une constitution délicate et qui était descendu impunément une première fois dans les tubes est mort quelques mois après une seconde descente opérée dans de mauvaises conditions de santé. L'accident déplorable SurvenI au mois de décembre 1859 sur le chantier du pont de Bordeaux tendrait également à

prouver que la décompression, méme la plus instantanée, pourrait être sans aucun danger, puisque lors de la rupture par explosion de l'une des colonnes en fonte qui for-