Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 39]

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INFECTION DES EAUX.

l'initiative d'employer sur ses terres les résidus de la ville. Le grand égout collecteur, qui reçoit un tiers des eaux de fontaines et des immondices de Montpellier, se décharge au Verdanson, dans la propriété même de M. Marès. Ce

dernier a canalisé le lit du ruisseau, ou plutôt a installé latéralement une conduite à ciel ouvert de om,4o de large

sur o"',50 de profondeur, laquelle amène les liquides à 3oo mètres plus loin, dans des bassins de 3o mètres de long sur 12 mètres de large, où leur cours se ralentit naturellement beaucoup. La plupart des matières solides ou pâteuses, excréments, poils, débris d'abattoirs, résidus des fabriques de tartre, etc., se déposent graduellement. Deux ou trois fois par semaine on extrait, au moyen d'une noria, la boue senti-fluide ainsi formée et on l'étend en couche mince sur des plates-formes où elle se dessèche au vent et

au soleil en quelques heures. Dans les mois d'hiver où cette dessiccation ne marcherait pas assez promptement, on met la boue dans des réservoirs. Tout cela peut se faire

sans répandre d'odeur, grâce à la sécheresse exception-. nelle du climat de Montpellier et à l'absence de fermentation des matières. Le débit du collecteur, relativement .faible, par suite de la nature du climat et des habitudes de la population, varie de 250 à 500 mètres cubes par vingtquatre heures. Le volume d'engrais sec obtenu est d'environ 10 mètres cubes par semaine, mais les eaux sont loin d'être épuisées, et M. Marès reconnaît qu'en donnant plus de

développement aux bassins, on retirerait une proportion d'engrais beaucoup plus considérable. Les liquides, après avoir déposé, sont, selon la saison, restitués au Verdanson, ou utilisés pour la culture. Dans ce dernier cas, on les mélange, en proportion variable, à l'eau de puits à roue, construits pour l'arrosage des jardins maraîchers, et on les répand ensuite sur 5 hectares et demi de terrain, où ils produisent les meilleurs effets. Le sol n'est pas drainé, mais offre naturellement une grande perméabilité. Cette

5irrigation se pratique pendant les mois de printemps et DIVERS.

d'été. A Saint-Étienne, les opérations sont beaucoup moins mé-

thodiques, étant abandonnées à l'initiative d'une foule de petits cultivateurs qui agissent indépendamment les uns des autres; en revanche , elles portent sur la totalité des immondices de la ville. Tous les égouts, enrichis des matières fécales qui y tombent directement, se réunissent dans le Furens, petits cours d'eau qui traverse Saint-Étienne et qui sert de collecteur général. Sur tout son parcours, jusqu'à la Loire, ses eaux sont utilisées pour irriguer les prairies, en sorte qu'elles sont, en grande partie, purifiées quand elles arrivent au fleuve. Il suffit de parcourir la vallée du Furens, de Saint-Étienne à Andrezieux, pour être frappé des résultats qu'a donnés cette utile pratique : les prairies sont vraiment d'une végétation magnifique. Quant aux odeurs,

elles sont à peu près nulles sur les points mêmes des irri-

gations. Elles ne se produisent qu'a la sortie de SaintÉtienne, là où le Furens cesse d'être couvert.

Divers. - Nous ne pouvons terminer ce sujet sans mentionner quelques-unes des propositions qu'a suggérées, dans ces derniers temps, la question de l'emploi des eaux d'égout, particulièrement à Paris. L'opinion publique est frappée, à bon droit, de l'énorme déperdition d'engrais à laquelle donne lieu l'écoulement en Seine des égouts de cette grande cité. Bien que ces égouts ne communiquent point avec les fosses d'aisances, ils ne laissent pas de charrier une proportion considérable de matières fertilisantes, non-seulement par les immondices qui leur arrivent de la rue et par les eaux ménagères des maisons, mais aussi par les eaux-vannes des fosses, qui tendent de plus en plus à s'y déverser. On peut même prévoir que si, comme on doit le souhaiter pour la salubrité publique, les fosses mobiles, à défaut d'un système plus parfait, finissent par prévaloir,