Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 38]

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PROCÉ DÉS. AC RIGOLES.

INFECTION DES EAUX.

méthode qui tend de plus en plus'à se répandre et qui atteste le progrès industriel, c'est de tirer parti des résidus en les faisant concourir à quelque branche de fabrication. Les usines à gaz ont réalisé, sous ce rapport, des améliorations remarquables. On peut y joindre certaines fabriques de bougies qui recueillent les graisses avec grand soin, les manufactures de tabacs, qui se sont mises à utiliser le jus de macération des cigares, quelques blanchisseries qui ont

tenté d'exploiter le savon contenu dans les eaux de la-

vage, etc., etc. Nous ne pousserons pas plus loin cette énumération qui nous entraînerait dans trop de détails. Moyens généraux.

PuilS absorbants. - Un premier moyen général, déplorable au point de vue de la salubrité du sol, consiste dans l'usage des puisards ou puits d'absorption. On sait à quelles conditions ces évacuateurs peuvent fonctionner sans inconvénients (*), mais elles se trouvent si rarement réunies dans un même lieu, et leur détermination exigerait une telle sagacité de la part des intéressés, qu'on doit s'attendre à priori à ce que tout puisard devienne , tôt ou tard , une (*) Ces conditions ont été définies par M. Chevreul, .de la maqière suivante : « Les boit-tout, sorte de puits creusés dans le sol avec « l'intention d'y faire écouler les eaux qui sont à sa surface, n'ont d'etficacite qu'à trois conditions La première est que le liquide qu'on fera écouler dans lus huittout ne corrompent pas la nappe d'eau potable qui alimente Les « puits et les sources d'eau servant aux usages économiques du « pays où les boit-tout seront creusés. La seconde est que les boit-tout aient leur fond dans une couche parfaitement perméable; autrement le terrain, bientôt saturé, ne permettra plus au boit-tout d'absorber l'eau. La troisième est que la couche perméable où se rendra l'eau qu'on veut évacuer de la superficie du sol, étant située au-des-

sous de la nappe d'eau qui alimente les puits du pays, cette

couche perméable ne conduira pas les eaux dans une nappe d'eau « servant à l'économie domestique d'un pays autre que celui où le boit-tout est creusé. n

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cause permanente d'infection. C'est ce qu'on a vu dans le département du Nord, où, à une certaine époque, ce mode d'écoulement s'était tout à fait généralisé dans les établissements industriels, notamment dans les distilleries. Les nappes d'eau souterraine furent corrompues, le sol s'imprégna de résidus fermentescibles , et souvent même ces

cavités naturelles s'obstruant graduellement, le terrain finit par rejeter les liquides qu'on avait voulu lui faire absorber. On cite à cet égard des faits vraiment curieux, qui montrent jusqu'où peuvent aller les inconvénients de cette fâcheuse pratique (Note i. Fort heureusement elle tend beaucoup à se restreindre, et la plupart des grandes villes l'ont entièrement abandonnée. Dans celles qui la conservent encore, on ne saurait douter que les progrès de la canalisation souterraine n'amènent bientôt un autre état de choses (C).

Procédés agricoles. - Leur emploi est encore à peu près nul.. Nous ne connaissons que deux localités d'importance

où l'on utilise les eaux d'égout, encore est-ce d'une manière fort imparfaite : Montpellier et Saint-Étienne. Dansl' une et l'autre de ces villes, les liquides d'égout sont enrichis par les matières fécales des maisons qui s'y déchargent régulièrement. A Montpellier, un membre du conseil d'hygiène, agriculteur distingué, M. Matés, dont nous avons déjà parlé à l'occasion du chaulage des vinasses, a également pris (*) On est surpris de voir Dijon, une des villes les plus éclairées de France, conserver une coutume aussi barbare. Même dans les rues pourvues d'égout, la plupart des maisons envoient leurs eaux ménagères dans des boit-tout de quelques mètres de profondeur, situés dans les cours. Un grand nombre de puits alimentaires ont ..été ainsi infectés. Les habitants s'en émeuvent peu, parce qu'ils ont

une distribution d'eaux publiques; mais s'ils sont à l'abri de ce côté, ils n'en sont pas moins exposés à l'insalubrité qu'entraîne l'infection même du sol.