Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 17]

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INFECTION DES ATMOSPHÈRES LIMITÉES.

il ne saurait retenir ces odeurs complexes inhérentes à la matière animale ; en outre le temps qui sépare le moment de l'ouverture de celui de l'extraction, temps limité forcément par les convenances de l'habitation, dépasse rarement douze heures, alors que trois ou quatre jours au moins seraient nécessaires pour compléter la réaction ; enfin, le brassage est plus ou moins entravé et l'on amène difficilement toutes les parties en contact les unes des autres. Ajoutons, pour ne rien omettre, que la désinfection, même très-bien conduite,

laisse toujours subsister des dangers pour les ouvriers, à cause des gaz qui sont retenus par les parois et qui se répandent dans la fosse, quand celle-ci est vidée (*). La méthode chimique ne fournit donc qu'une solution insuffisante, et nous ne voyons rien qui mérite d'être recommandé.

Il n'en est pas de même des procédés mécaniques. Un perfectionnement récent paraît avoir résolu. la question au point de vue spécial qui nous occupe en ce moment : nous voulons parler du système de vidange dit hydrobarom,(arique, tel qu'il est appliqué depuis quatre ou cinq ans à Nîmes, et surtout tel qu'il fonctionne depuis deux ans à Bordeaux On en connaît le principe, expérimenté depuis longtemps : le vide est fait par avance dans des tonnes qu'on amène à proxi(') En voici un exemple tout récent, emprunté au Moniteur du 13 juillet i865 : Un déplorable événement a causé hier matin une vive émotion dans la rue du Pont-Louis-Philippe. Trois ouvriers (i maçons, Dodon, maître compagnon, Vidalliat et Catty, sont des-

cendus vers huit heures trois quarts dans la fosse d'aisances d'une maison de cette rue pour la réparer. A peine y étaient-ils u entrés, qu'ils se sont sentis asphyxiés par les gaz méphitiques

qu'elle renfermait. Leurs forces, subitement paralysées, ne leur u permirent pas de remonter. Ils poussèrent quelques cris de dé« tresse et s'évanouirent.... Deux de ces infortunés n'ont pu être rappelés à la vie. L'asphyxie était complète. Le nommé Dodon a été retiré vivant et transporté d'urgence à l'hôtel-Dieu. (**) A Paris, ce système n'a pas pris une grande extension, pour des raisons, pensons, nous, étrangères à la question technique ; mais à Nîmes et à Bordeaux, la démonstration est complète.

FOSSES ET CABINETS D'AISANCES.

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mité de la fosse, et, aussitôt la communication établie avec

celle-ci, les matières se précipitent dans les tonnes sous l'influence de la pression atmosphérique. La difficulté réside

dans l'application industrielle, et, en particulier, dans la manière d'obtenir économiquement un vide à peu près parfait. On sait, par exemple, qu'avec les machines pneumatiques, l'opération est longue, dispendieuse, et qu'on laisse toujours de l'air dans l'appareil. Voici comment le problème est résolu à Bordeaux, sous l'habile direction de M. le Dr A. Cornmandré, gérant de la Compagnie hydrebarométrique du Midi. Une machine à vapeur met en mouvement une double pompe aspirante-foulante, dont le tuyau d'aspiration s'épanche dans un conduit horizontal pourvu de six branchements (PL I, fig. I et '2). Ce conduit communique à volonté soit avec la pompe, soit avec une cuve alimentaire

placée au-dessus du bâti et recevant le tuyau de refoule.ment. La tonne qu'il s'agit de préparer est amenée en regard d'un des branchements et mise en communication avec lui au moyen d'un orifice de vidange situé à la partie inférieure. On ouvre alors la cuve alimentaire, et l'eau, par suite des différences de niveau , pénètre dans la tonne qu'elle remplit en quelques minutes. Pendant ce temps, on a soin de maintenir ouvert, à la partie supérieure de la tonne, un petit robinet par lequel l'air méphitique contenu dans celle se rend sous le foyer de la machine à va-

peur. La réplétion terminée, on ferme la cuve et le robinet d'air, on fait agir la pompe, et en trois ou quatre minutes l'eau est extraite et renvoyée à la cuve. Pour éviter que cette eau salie n'obstrue les clapets de la pompe, on lui fait traverser un filtre formé d'une plaque percée de trous

de 5 millimètres de diamètre, sur laquelle s'arrêtent les débris. La même eau sert trois semaines ou un mois avant

d'être jetée. L'appareil étant parfaitement étanche et ne laissant point rentrer d'air au fur et à mesure de la sortie du liquide, du même coup le vide est réalisé, et la tonne