Annales des Mines (1866, série 6, volume 10) [Image 13]

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GALERIES D'ÉGOUT.

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INFECTION DES ATMOSPHÈRES LIMITÉES.

raines est donc une question de premier ordre. Quant aux résultats déjà obtenus, ils sont encore restreints à quelques villes principales de l'Empire. Les moyens employés jusqu'ici sont exclusivement physiques (*) : la ventilation, le lavage, et, par-dessus tout, l'ensemble des dispositions propres à assurer le prompt écoulement des matières. Ce dernier moyen dispense des lavages méthodiques et rend la ventilation aisée; car, si les matières s'écoulent rapidement, elles dégagent peu d'odeurs putrides, et on peut dès lors maintenir une bonne atmosphère dans les galeries en multipliant les ouvertures, sans crainte d'empester les rues qui les reçoivent. C'est ce que démontre supérieurement l'exemple du nouveau drainage de Paris. Du reste, en tout ce qui touche le service souterrain, disonsle une fois pour toutes, il faut distinguer soigneusement entre Paris et les autres villes de France. A Paris donc, on s'est attaché à diriger rapidement les matières vers le fleuve. prinOn y a réussi, par la combinaison de deux éléments cipaux : la pente, et l'abondance de l'eau. Grâce à l'inclinaison qui porte le réseau entier vers la Seine, grâce à l'eau distribuée aux maisons, répandue surtout par les fontaines d'être rapportées, que la catastrophe devait être attribuée à ce que et avait pris le gaz s'était infiltré dans l'égout jusqu'à saturationdu dehors par quelque corps en ignition, arrivé feu au contact de suite de quelque imprudence. chimique, l'emploi fait en cer(1 Nous n'appelons pas moyen les odeurs qui s'échappent tains cas de réactifs pour neutraliser infectent les rues. Ce procédé a en vue des bouches de décharge et Dans quelques la salubrité de la surface et non celle de la galerie. chimiques offre des désinfectants villes où l'industrie des produits points à des prix exceptionnellement bas, on en jette sur certains de fer des usides égouts; par exemple : Lyon, où l'on a le sulfate manganèse nes de M. Perret ; Rouen, où l'on a le chlorure acide de de M. Malétra ou de MM. Maze et Chouillou. Mais cette pratique vrais'est toujours exercée sur une très-petite échelle, et ne peut d'assaiment être considérée comme constituant un mode courant nissement.

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de la voie publique, un flot toujours renouvelé parcourt continuellement les égouts et emporte les immondices avant que la fermentation putride ait eu le temps de se déclarer sur une grande échelle. Aussi, a-t-on pu , impunément,

laisser ouvertes toutes les bouches de décharge des rues. L'aération est déjà considérable par là ; elle est complétée par de larges portes grillées qui ferment les entrées ménagées sur les quais de la Seine, ainsi que par les cheminées d'appels que chaque propriétaire est tenu de construire dans le mur de façade de sa maison et qui débouchent audessus du toit. Mais le service municipal n'a qu'une médiocre confiance dans cette dernière ressource. La plupart du temps, ces cheminées sont indifférentes, c'est-à-dire qu'elles n'aspirent ni ne refoulent; parfois même, le courant naturel se renverse, et l'air du dehors entre par les cheminées tandis que l'air du dedans s'échappe par les bouches des rues. « Pour qu'elles agissent efficacement, nous disait « M. Belgrand, il faudrait y entretenir un bec de gaz, mais « on n'a pas encore résolu le problème d'admettre le gaz, « sans danger, dans les égouts. e Quant aux tuyaux d'eaux pluviales, qui faisaient d'ailleurs double emploi avec les cheminées d'appel, on les munit de fermetures hydrauliques, pour prévenir les odeurs désagréables qu'ils enverraient aux logements pratiqués sous les combles. Bref, dans l'état actuel, ce qui assure l'aération, ce sont les bouches et les portes d'entrée ; c'est aussi ce mouvement incessant du flot, qui ébranle continuellement l'atmosphère de la galerie. L'ensemble de ces causes amène un renouvellement

très-actif, et il semble presque, sur certains points, qu'on ait plutôt à se garer contre l'excès de la ventilation que contre son insuffisance. Quant à l'odeur des bouches, elle provient, non point des exhalaisons de l'intérieur (5), niais (*) Nous parlons, bien entendu, des égouts neufs, communiquant par leurs deux extrémités avec le reste du réseau, et non de ces galeries anciennes qui n'ont encore qu'une issue.