Journal des Mines (1798-99, volume 9) [Image 209]

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DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.

SUR LA MINÉRALOGIE

pays, puisque généralement plus on s'éloigne de la ruer, plus les montagnes s'exhaussent et par conséquent plus le pays devient graniteux : ici au contraire , le granit disparaît peu à peu ; les pierres , est- il dit tiennent moins de la nature du granit : cependant on y trouve des schistes argileux rouges et ensuite des poudingues. Et ce qui doit encore paraître fort extraordinaire c'est que nosIvoyagt-urs parlent d'une pierre qui se trouve par intervalles dans ce même pays qui est d'un gris blanc et quelquefois bleuâtre, laquelle Je brise en masse presque carrée, et paraît aire de sa nature du feld-spath ou pétunsé. Enfin bientôt on rencontre la pierre calcaire rouge , qui prend un poli imparfait ; mais cette pierre n'est nullement coquillière : elle semblerait être encore de l'espèce primitive. C'est sur-tout aux environs de Lancastre que ,

,

cette espèce de pierre se mon:re le plus ; et il paraîtrait que cette pierre est dominée par le schiste, lequel est gris , et descend très-profondément en

terre; ce qui est encore fort différent de ce que nous voyons en Europe , où la pierre calcaire couvre le schiste, ou s'y trouve tout au plus interposée.

Voici cependant un nouveau pays primitif; il est annoncé par un roc rouge contenant beaucoup d'argile , c'est à Middietown. De là, en traversant les montagnes appelées Peter's mountains , on voit reparaître le granit , formant l'intérieur de ces montagnes , qui est accompagné à droite et à

gauche par un schiste ferme , qui en quelques endroits pourrait donner des feuilles d'ardoise mais de là jusqu'auprès d'Asylum , le pays se trouve de sable, et l'on ne voit paraître que fort

rarement le granit; quand il parait , c'est comme des pointes qui traversent ce sable. C'est là une nouvelle preuve que c'est un pays neuf et nouvellement façonné par les mains de la nature. Nous disons neuf, en le comparant avec ceux de l'Europe; on peut le dire neufencore , quand on le voit avec de si petites montagnes. Lorsqu'il sera bien usé, on le verra coupé par de profonds vallons dominés par de hautes montagnes. Quand ii sera travaillé suffisamment par les eaux , il n'existera plus de sable par-dessus ces montagnes ; le granit se montrera à nu, comme on le voit si fréquemment sur

celles des anciens continens. Cependant, parvenu dans la plaine, on retrouve les couches horizontales formées des débris de ces hauteurs , et de la pierre calcaire au-dessous , qui n'est pas 'assurément de la même nature que celle des hauteurs quoique nos voyageurs assurent qu'on n'y découvre rien de coquillier. Mais ce qui doit nous intéresser beaucoup plus que tout ce que nous venons de rapporter, est de

voir que plus on s'éloigne de la mer, moins le terrain se trouve graniteux ; en un mot , que les terrains primitifs sont les plus près de la mer , et que les secondaires ou calcaires en sont les plus

éloignés. N ous suivons nos voyageurs dans le haut Canada: et quelle surprise n'excitent-ils pas, lorsque nous les voyons observer que tous les terrains compris entre les fameux lacs Erié et Ontario , et jusqu'à la -fameuse cataracte connue sous le nom de Niagara, sont en pierre calcaire, tandis que dans

tout le bas Canada, depuis Montréal , Québec jusqu'à la mer , le terrain est graniteux , ert. un

mot , de première formation ! Mais ce qui doit nous paraître bien plus extraordinaire encore , c'est de