Journal des Mines (1796-97, volume 6) [Image 109]

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tranchant dit ciseau, en lui présentant la surface convexe, que l'on soutient avec l'index de la main gauche, et l'on frappe avec la roulette de petits coups au-dessous du point d'appui que présente le ciseau; la pierre se rompt alors exactement dans là ligne qui porte sur le ciseau , comme si elle avait été coupée. On façonne ainsi la pierre sur ses flancs et dans son talon. IV.' La pierre ainsi réduite à la forme qu'elle doit avoir; on finit par ce qu'on nomme la raffiler,, c'est-à-dire, perfectionner son tranchant en le mettant en ligne droite. Pour cela , on retourne la pierre, on appuie les bords de la mèche sur le ciseau ; cinq à six petits coups de roulette donnent fa dernière façon à la pierre. Toûte l'opération de faire une pierre ne prend pas une minute. Un bon ouvrier peut préparer mille bonnes écailles dans un jour, s'il a de bons cailloux, et faire , également dans un jour , cinq cents pierres à fusil : ainsi , en trois jours , il fendra et finira à fui seul mille pierres à fusil. Ce métier laisse beaucoup de déblais ; ils s'élèvent

à environ les trois quarts, parce qu'il n'y a guère que la moitié des écailles qui soient bonnes , que près de la moitié de la masse dans les meilleurs Cailloux ne peut pas être écaillée , et qu'il est rare que le plus gros bloc fournisse plus de cinquante pierres à fusil. Les écailles qui ont de la crote , ou qui sont trop épaisses pour en faire des pierres à fusil servent à faire des pierres briquet: celles que l'on vend à Paris , viennent des bords de la Seine , et sont ordinairement brunes. Les pierres , lorsqu'elles sont complétement

façonnées , ,se partagent en différentes sortes , qui ont différens prix selon leur perfection ; elles se vendent depuis quatre jusqu'à six décimes le cent:

on a donc des pierres fines, pierres communes pierres de pistolet , pierres de mousquet , pierres de fusil de chasse.

La fabrication et le commerce des pierres à fusil n'appartiennent en quelque sorte qu'à trois communes du département de Loir-et-Cher , et à une du département de l'Indre, ainsi que je l'ai déjà dit ; savoir, au département de Loir-et-Cher, la commune de Noyers, à 2400 mètres à l'est-nord-est de Saint-Aignan; celle de Couffy,, à 5 6o c mètres, et celle de Meunes à un myriamètre à l'est-sudouest ; et dans le département de l'Indre , la corn,. mune de Lye, à 9 kilomètres au sud-est de Saint Aignan. Les habitans de ces communes adonnés à ce genre de travail, montent à-peu-près à huit cents; et ils s'en occupent sans doute depuis l'époque où on a substitué une pierre aux pyrites qui avaient remplacé la mèche dont on s'était servi lorsque les mousquetons furent inventés : aussi ces

ouvriers ont- ils excavé presque toute la plaine qu'ils habitent et qui recèle Ies cailloux.

Un seul ouvrier, nommé Étienne Buffet, échappé de la commune de Meunes et habitant sur les bords de la Seine depuis plus de trente ans , y a apporté

son art , sans y avoir fait aucun élève. C'est de lui que j'ai reçu des leçons de cette fabrication. Il y a encore dans quelques autres parties de fa France , de petites manufacture de pierres à fusil une entre autres, commune de Maysse , sur la rive droite du Rhône , à 5 oo toises nord -nord -est de Rochemaure , chef-lieu de canton du dépar-

tement de l'Ardèche ; mais aucune d'elles

n'a.