Journal des Mines (1795-96, volume 4) [Image 122]

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( 62 ) toujours peuplées ; elles se défendront des animaux; les habitans , qui vivent dans leur voisinage , sûrs d'y trouver constamment les bois propres à leurs besoins , seront intéressés à ce qu'elles subsistent. En ne coupant ainsi, pour le service des usines, que les arbres formés , et sur le retour ; en les

remplaçant à mesure de la consommation ; en ne se permettant plus , comme on ne le fait que trop-souvent , d'abattre des futaies , pour faire du charbon; enfin, en renonçant a l'usage d'exploiter à. taille ouverte, les usines ne passeront plus pour dépeupler les forêts ( t ). Le citoyen Muthuon pense (i) Les mines de Poullaouen et d'Huelgoat étaient entourées de belles futaies qui aujourd'hui ont totalement disparu , ou sont remplacées par des taillis, et même par de simples broussailles. On ese obligé d'aller chercher le bois de charpente et même de feu ainsi que le charbon, à 4 , 6, et même 8 lieues.

Les frais de transport sont considérables, et s'il fallalt continuer à s'éloigner ainsi, ce grand établissement ne pourrait plus soutenir la concurrence des mines étrangères, et finirait par s'anéantir. La forge d'Eschaux , dans la vallée de Baigorry, , département des Basses-Pyrénées , avait des bois considérables , et la mine

dont elle tirait son minérai , est en état d'alimenter plusieurs usines pendant des siècles : en exploitant , sans faire aucune plantation, tout a bient8t_ été_détruit , _et_la_ forge n'a pu se soutenir. Les mines de cuivre de la même vallée n'avaient qu'une forêt beaucoup plus petite, elles ont eu besoin de beaucoup de bois pendant une assez longue suite d'années que les travaux intérieurs et les fonderies ont été en activité : cependant cette seule forêt a constamment fourni non-seulement le charbon et le bois de grillage pour la fonderie , le bois de charpente pour les bâtimens et les travaux intérieurs , mais encore en grande partie le bois de chauffage pour la vallée et elle est encore en fort bon état. Il y a des parties endommagées , mais elles l'ont été, depuis la guerre, par les Espagnols, et avant, par les habitans des Aldules , de sorte qu'il est vrai

de dire que c'est la mine qui a conservé la forêt , au moyen de la bonne administration des concessionnaires , et du soin

.qu'ils avaient de faire de nouvelles plantations. ( Note du cittyen

Muthuon.)

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theme qu'il faudrait enjoindre aux entrepreneurs de s'occuper de propager. les bois autour d'eux. Les concessionnaires de mines, anciens et nouveaux devraient , suivant lui , être astreints à faire des plantations ( même ceux des mines de houille, cause des bois de charpente que ce genre de mine consomme ). Il y a autour des exploitations subsistantes de vastes espaces qui étaient couverts d'ar-

bres; il faut qu'ils y renaissent. Il y a de même auprès d'elles, et dans les lieux où il convient .de placer de nouveaux établissemens , des terrains où le bois ne demande qu'a venir, il faut que la main de l'homme y seconde les intentions de la nature. L'auteur du mémoire propose que ces améliorations prescrites par la loi, soient comptées au nombre des ressources des établissemens, et qu'elles servent à empêcher au moins que les entrepreneurs, après avoir consommé tout le bois qui leur avait été affecté, n'absorbent encore celui dont les villes voisines ont un besoin indispensable. Lorsqu'on. verra que les mines et les usines, au lieu de hâter la dégradation des bois, contribuent à les conserver

et à les étendre, on reviendra de la prévention que quelques personnes ont encore contre ce genre d'entreprise , dans plusieurs parties de la République ; les établissemens n'auront plus à craindre que leurs travaux soient suspendus faute de bois ;

ils prendront un caractère de solidité. qui leur a manqué souvent jusqu'ici; des produits constans et long - temps soutenus dédommageront amplement

de ces produits abondans qui ne faisaient briller une entreprise avec un certain éclat, que pour la livrer bientôt à une ruine totale , après avoir livré tout un pays , pour une longue suite d'années, à la stérilité qu'entraîne la dévastation des bois, et