Journal des Mines (1795-96, volume 4) [Image 121]

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Ce sont des moyens actifs qu'il faut ployer pour remplacer le vide. qu'occasionnent nécessairement dans nos forêts les dévastations de tout genre , l'action de la hache, et l'opération

lente du temps. Mais quels sont ces. moyens? Quand on a coupé une futaie par le pied il sort des souches une infinité de rejettons-e ainsi les sucs qui ne nourrissaient qu'Un seul :arbre sont distribués entre plusieurs : tant qù'ilS sont petits, ces sucs peuvent leur suffire ; -mais à mesure qu'ils grandissent .,la. part de chacun se trouve réduite' en raison inverse de ses besoins. Voilà

comment des arbres, qui se faisaient remarquer, par:. leur élévation et leur beauté, sont remplacés par de tristes avortons, et comment.une .forêt, qui donnait du bois de charpente, ne fournit plus que dulois. de corde. On peut, dira-t-on, conper les rejets et n'en laisser qu'un sur chaque pied. Mais la raison pour laquelle, à la place d'une futaie, nous n'avons qu'un taillis , n'est pas seulement la multitude des nouveaux sujets , elle tient aussi à Ce.. qu'ils naissent d'un vieux tronc. Il est dans la nature _q_dunarbre vieillisse tout. entier et tout-à-la-fois. La souche qui reste, n'est plus guères propre, du moins ordinairement, à fournir les sues qui conviennent à:une jeune plante. Nous savons , il est vrai , que les arbres 'Se. nourrissent aussi par les feuilles, mais 'c'est toujoUrS des racines que vient leur principale subsistance, et il est impossible qu'une racine épuisée par la vieillesse suffise à une végétation active et abondante. Lorsqu'on exploite une forêt à taille ouverte ou

  • i't coupe blanche, le dessouchement serait donc

sous ce rapport

, une mesure convenable. Mais en exploitant ainsi , les jeunes plantes et les herbes qui naissent avec elles attirent les bestiaux qui

dévorent tout : les habitans des environs saisissant avidement cette occasion d'étendre leurs pacages,

s'empressent à l'envi de perpétuer cet état dee choses , et s'opposent , de tout leur pouvoir, à ce

que le bois s'élève et prenne de la force. Les forêts 'composées des espèces d'arbres dont les racines ne survivent pas à leurs `troncs , ne sont pas sujettes,

aux autres inconvéniens , mais celui-ci leur est commun. Au reste , le dessoUchement exige trop de peine et de dépense, pour qu'il puisse se pratiquer dans de grandes exploitations. Les futaies ayant besoin, pour se reformer , d'un temps qui excède la durée de la vie humaine, on ne peut gUères attendre de la génération présente , qu'elle sacrifie ses jouissances actuelles à un avenir aussi éloigné. Enfin , il faut convertir que les souches en -se pourrissant, engraissent la terre. Mais il y a un moyen simple d'empêcher la croissance des re,jets , sans priver le terrain de cet engrais , et sans prendre la peine de dessoucher ; c'est, lorsqu'on abat les arbres , de creuser un peu autour de leur pied, et de les couper assez bas , pour qu'on puisse

  • ramener ensuite sur la souche assez de terre pour

la bien couvrir. Les arbres coupés ainsi au-dessous du collet , ne repoussent guères, et la souche étant privée d'air, ne peut vivre long-temps. Au reste , le citoyen Milthuon n'est point d'avis des exploitations à taille ouverte ou à coupe blanche, dans les parties de futaie qu'il convient de conserver. Il croit qu'il faut prendre dans toutes les parties 'd'une forêt les arbres dont on a besoin, et qu'on doit les remplacer , en plantant des sujets sains et vigoureux , déjà forts et élevés , et en nombre double, dans l'espace occupé par ceux qu'on a abattus. Par ce moyen) dit-il , les forêts ,seront