Annales des Mines (1873, série 7, volume 4) [Image 161]

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EN ANGLETERRE.

ENQUÊTE SUR LA QUESTION DES HOUILLES

déraisonnable ni non suivie de benéfices considérables pour les ouvriers; dans quelques cas même, ces derniers ont préféré voir améliorer les conditions de leur travail qu'augmenter le chiffre de leurs salaires. II est bien démontré qu'en réalité, la hausse s'est produite successivement sur le fer, puis sur le charbon et enfin sur les salaires. L'augmentation du prix de revient par tonne des travaux d'extraction de la houille ne peut pas, en conséquence, être considérée comme la cause principale:de la grande augmentation de son prix; l'augmentation des salaires a suivi plutôt que. précédé la hausse du charbon, tellement que l'élévation des salaires détermina les mineurs à réduire le nombre des heures de travail, d'où est résultée une dimfitution du chiffre de l'extraction par ouvrier. Un prix d'extraction plus élevé a ainsi contribué, indirectement et pour une forte part, à maintenir le haut prix de la houille; mais, eu égard aux dangers auxquels les mineurs sont exposés et à, la nature de leurs travaux, le taux moyen des salaires dans les mines n'a pas dépassé la limite nécessaire pour maintenir le chiffre de la population minière au niveau des besoins. Les ouvriers et autres employés des mines de charbon devraient seulement considérer leurs gains actuels comme un bé.néfice temporaire, qui peut, à un jour donné, se rapprocher du taux primitif. votre comité n'a pas étudié la question des bénéfices réalisés par les exploitants de mines depuis la hausse des prix. Une compagnie organisée en société par actions a produit des comptes qui ont démontré que ses bénéfices avaient été extrêmement élevés ; mais, dans plusieurs cas, les propriétaires étaient contraints de satisfaire à des contrats passés, pour des périodes plus ou moins longues, au bas prix qui existait antérieurement ; les bénéfices nets actuels d'une mine dépendent, d'ailleurs, d'une telle quantité de circonstances, affectant le capital, qu'on ne saurait les déterminer sans un examen attentif des comptes spéciaux de chaque entreprise : ils dépendent notamment de l'état du matériel, de la difficulté des travaux, de la proximité des centres de consommation, de la facilité des transports, de la régularité de la vente,-etc. Il ne convenait pas que votre comité se lançât dans de telles informations, car une longue expérience a démontré que des prix élevés et des bénéfices exceptionnels se produisent occasionnellement dans toutes les entreprises et dans tous les genres de commerce du pays. Il est d'avis que la meilleure politique à suivre, .la meilleure marche à adopter pour la conduite des affaires, enfin le plus énergique stimulant pour le retour à une juste balance

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entre la production et la demande, consistent dans la liberté du commerce et dans une résolution inflexible de non-intervention de

la part de l'État. Adopter une marche contraire, ce serait faire payer à une classe les bénéfices de l'autre, tandis que toute restriction des bénéfices du commerce privé ou de l'industrie par la fore 2 de la loi devrait équitablement être accompagnée d'une

garantie de l'État contre les pertes, ce qui, dans l'opinibn votre comité, serait impolitique au plus haut degré.

Ce rapport a été adopté par le comité, le 18 juillet 1875, à la majorité de douze voix contre une. Le dernier paragraphe avait été rédigé comme suit, dans le projet de rapport présenté par le président (M. Ayrton) Il ne convenait pas que votre comité se lançât dans de telles informations, car une longue expérience a démontré que des prix élevés et des bénéfices exceptionnels se produisent occasionnellement dans toutes les entreprises et dans tous les genres de commerce du pays, depuis celui des matières d'or et d'argent jusqu'à celui des marchandises du plus bas prix. Votre comité est d'avis que la meilleure politique à suivre, la meilleure marche à adopter pour la conduite des affaires, enfin le plus énergique stimulant

pour le retour à une situation meilleure de la fabrication et du commerce, consistent dans le maintien d'une résolution inflexible de non-intervention de la part de l'État. Adopter une marche contraire, ce serait faire payer à une classe les bénéfices de l'autre; tandis que toute restriction des bénéfices des affaires privées, par la force de la loi, devrait équitablement être accompagnée d'une

garantie de l'État contre les pertes : ces deux manières de procéder seraient également impolitiques, dans l'opinion de votre comité.