Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 47]

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NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI.

NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI.

trionale, était bordée par une série de petites îles rocheuses formées par les terrains anciens. L'Océan pénétrait assez

principe, une pente moindre que celle qu'elles présentent

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profondément dans l'intérieur des terres, et formait des fjords comme celui que nous avons signalé à Vallenar. Un soulèvement, qui a atteint à Vallenar une amplitude de 65o mètres, et dont le commencement a peut-être coïncidé avec l'apparition des volcans dans l'axe même de la chaîne, s'est fait sentir pendant la période quaternaire. Ce soulèvement a été produit par trois actions brusques séparées par de longues périodes de calme. En même temps que se produisait ce grand soulèvement, qui n'a que légèrement modifié l'étroite bande chilienne,

mais qui a sans doute émergé la plus grande partie du territoire argentin (1, le climat du Chili éprouvait de profondes modifications.

Dans le sud, les glaciers qui, au commencement de la période, avaient une grande extension, suivent la même marche décroissante qu'en Europe. Dans le nord, on voit diminuer les eaux pluviales qui, à l'origine de la période, tombaient abondamment sur les parties les plus basses de la contrée, formaient au pied des torrents ces grands cônes de déjection, aujourd'hui démantelés, que nous avons signalés près de Copiapô et de Chafiarcillo, et accumulaient, dans le fjord de Vallenar, une épaisseur considérable de matériaux roulés. Peu à peu les orages deviennent moins fréquents, et les grands cônes de déjection sont ravinés plus ou moins profondément; c'est à cette époque aussi qu'il faut probable-

ment rapporter les derniers cônes de déjection situés au débouché des ravins latéraux d'importance secondaire, et le remplissage définitif des quebradas, qui avaient, dans le

(*) Les observations de M. A. cl'Orbigny sont d'accord avec les idées que nous exprimons ici.

actuellement. Enfin une dernière modification se produit dans le climat ; les pluies torrentielles qui tombaient encore sur les parties basses de la contrée cessent tout à fait. A partir de ce moment, la pluie ne tombe plus que sur la cime des Andes,

et les rivières ne sont plus alimentées que par l'eau qui descend des parties les plus élevées de la chaîne. Cette révolution a été soudaine, car on n'observe, comme nous l'avons remarqué, aucune' liaison, aucune transition entre le large lit du grand torrent ancien et le lit restreint de la rivière actuelle. On peut d'ailleurs regarder cette dernière révolution comme le commencement de la période actuelle, qui n'a plus été signalée que par une diminution lente et progressive dans la quantité d'eau qui tombe annuellement sur les sommets des Andes.

Si l'on rapproche cette histoire de la période quaternaire, faite pour une région de l'hémisphère austral, de celle que les observations géologiques ont permis' de reconstruire pour les régions de notre hémisphère, on apercevra dans l'enseinble de frappantes analogies. Dans les deux hémisphères, la période quaternaire ne s'ouvre qu'après l'apparition de l'appareil volcanique ; elle est marquée à son début par une grande extension des glaciers qui vont sans cesse en rétrogradant pendant la durée de la période. On peut comparer à l'exhaussement quaternaire du continent américain, celui qui a été constaté à une époque contemporaine dans la presqu'île scandinave et a émergé les grandes plaines de l'Allemagne du Nord, ces pampas européennes, et sans doute aussi les tufs de Naples et les cou-

ches de la Sicile. Il n'y a pas jusqu'aux trois périodes

brusques de l'exhaussement, séparées par de longs temps d'arrêt, qui n'aient été indiquées avec précision dans les terrasses de la Scandinavie. On sait d'ailleurs que dans notre hémisphère, le régime