Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 46]

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NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI:

NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI.

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Agua Amarga, à 30 kilomètres de Vallenar, et à une altitude

de ii à 1.400 mètres. Les quebradas plus septentrionales qui avoisinent Copiapô n'offrent pas même cette éphémère

végétation, mais elle a dû exister autrefois, car on rencontre (*), dans les parties les plus arides, des souches desséchées d'une espèce végétale, le prosopis siliquatrum, qui

croît encore abondamment dans les plaines arrosées du Pérou et du Chili. Ces souches sont même quelquefois exploitées pour les besoins de l'industrie. Cônes de déjection. - Les points d'intersection des ravins latéraux avec les grandes quebradas et les vallées principales, sont marqués par des cônes de déjection semblables

à ceux qui ont été si bien décrits dans le Dauphiné par M. Surell et par M. Scipion Gras. Les cônes de déjection, qui se rencontrent au débouché',

des ravins latéraux de peu d'importance, sont en général à pentes fort roides ; ils ont un développement très-considérable et qui paraît au premier abord hors de proportion

avec les bassins de réception du torrent qui a dû leur donner rfaissance. Ils sont très-intacts et s'étalent sur le remplissage caillouteux de la vallée. Aucun d'eux ne s'avance jusqu'au lit du cours d'eau, desséché du non, qui occupe, comme nous l'avons dit, le milieu de cette vallée. -

On remarque encore des cônes de déjection au débou-

ché de ravins plus considérables, tels que Celui qui descend des hauteurs du minéral de Chanchoquin, celui qui prend son origine dans les montagnes du minéral de Jésus-Maria, et qui viennent l'un et l'autre rencontrer la grande vallée à Copiapo même. Tel est encore le ravin qui, descendant des montagnes de Chafiarcillo, vient rencontrer la grande plaine sableuse qui s'étend jusqu'à la mer. Ces cônes, trèsconsidérables, sont entièrement démantelés, et de petites (*) Pissis, Annales des mines, 5° série, t. lx, p. 143.

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vallées secondaires s'y sont creusées à peu près -suivant des

génératrices de la surface conique. Ce n'est que par la pensée que l'on peut, réunir les arêtes saillantes qui sépa-

le cône rent ces petites vallées en miniature et reconstituer idéale peut d'ailleurs se faire primitif. Cette reconstitution forme aisément et ne laisse aucun doute sur l'origine et la première de ces dépôts. L'origine de ces grands cônes de déjection, aujourd'hui si profondément ravinés, est postérieure à la première apparition de l'appareil volcanique dans les Andes. On trouve, en effet, sur l'un des flancs du grand cône que nous avons signalé près de Chariarcillo, une butte volcanique dont le sommet ne s'élève que de 4o mètres environ au-dessus de la surface de ce cône. Cette butte est formée exclusivement de scories peu cohérentes, souvent décomposées, fortement colorées en rouge; on y reconnaît aisément un petit cône formé par 'les déjections atmosphériques d'un volcan. Or les alluvions de la vallée s'appuient sur ce monticule, et ne sont nullement mélangées, dans le voisinage, de produits volcaniques. Le cône volcanique est donc certainement antérieur à la production du dépôt alluvionne'. Les faits que nous venons de décrire succinctement, et qui frappent les yeux de l'observateur le moins attentif, nous permettent de reconstituer les traits principaux de l'histoire physique de la région septentrionale du Chili pendant la période quaternaire. Au début de cette période, les volcans existaient déjà avec leur appareil ordinaire, sinon dans la partie centrale de la chaîne des Andes, ébauchée depuis longtemps, au moins dans des points plus ou moins nombreux disséminés sur les versants de la Cordillère.

La côte présentait à peu près la direction qu'elle suit actuellement; seulement, en certains points, la bande étroite qui forme le Chili était plus étroite encore; la mer s'étendait presque jusqu'à Copiapà ; et la côte, dans la partie septen-