Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 48]

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NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILL

des eaux courantes a suivi exactement la marche que nous avons pu constater au Chili. Au début de la période quaternaire, des pluies abondantes produisaient dans les ré. gions alpines de vastes cônes de déjection, et permettaient à la Seine, si bien étudiée par M. Belgrand, de charrier un

volume d'eau capable d'occuper toute sa largeur. Puis brusquement (et M. Belgrand a très-bien démontré la soudaineté du phénomène), les eaux cessent de tomber en aussi

grande quantité, les grands torrents s'éteignent, et nos ri

'maigres cours d'eau viennent prendre, dans le thalweg des larges vallées, l'humble place qu'ils y occupent encore de nos jours. Il faut conclure, il nous semble, de ces analogies si précises entre les phénomènes contemporains dans les deux hémisphères, que ces phénomènes ont été produits, non point par des causes secondaires et locales, mais par des causes générales, s'étendant à tout le globe terrestre: Si les volcans ont apparu à la même époque sur toute la surface de la terre ; si l'Amérique du Sud a été émer-

gée à trois reprises différentes, comme la Scandinavie; si les glaciers ont crû ou déc,rû simultanément dans les Alpes comme dans les Andes ; si le climat du Chili a suivi

à la même époque les mêmes phases que le climat européen, c'est qu'une même cause se faisait sentir d'un pôle

à l'autre, et produisait partout les mêmes effets. Nous sommes amenés ainsi à entrevoir cette grande loi de l'unité de développement de l'histoire physique du globe terrestre,

à laquelle conduisent tous les faits géologiques, et qui n'occupe peut-être pas dans la science toute la place qui lui est due.

NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI.

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§ III. - TERRAIN TERTIAIRE.

Le terrain tertiaire du Chili est surtout intéressant par les couches de lignite exploitables qu'il renferme et qui sont

d'un précieux secours dans un pays où le terrain houiller paraît faire à peu près complètement défaut. La portion de ce terrain qui avoisine Concepcion a déjà été l'objet de descriptions étendues publiées dans ces Annales par M. Domeylco (*) et M. Gros-nier ("). Nous avons pu étudier le bassin tertiaire de Lota (ou Coronel), près de Concepcion, et celui de Punta Arenas, dans le détroit de Magellan. Cette

étude a été fort rapide, puisqu'elle n'a pu se faire, clans chacune de ces deux localités, que pendant une relâche d'une journée. Nous croyons cependant pouvoir en dire quelques mots ici, avec d'autant plus de raison qu'il n'a encore été publié, à notre connaissance, aucun renseigne ment sur le gisement de Punta Arenas. Le terrain tertiaire paraît former une bande plus ou moins continue le long de la côte chilienne, depuis Concepcion jusqu'au détroit de Magellan, se reliant peut-être avec la formation tertiaire si développée dans la république Argentine. Aux environs de Concepcion, cette formation est, comme on le sait, formée de couches arénacées et argileuses super-

posées, contenant intercalés des bancs de lignite dont la puissance ne dépasse guère "1,5o. Ces lignites sont actuel-

lement exploités assez activement dans les environs de Lota et de Coronel, un peu au sud de Concepcion. Les vapeurs anglais, sur lesquels nous nous sommes embarqués à l'aller

et au retour, et qui vont de Liverpool à Lima par le Magellan, relâchent à Coronel pour y renouveler leur provision de combustible. (*) e série, t. XIV, 1848, p. 163, (M) h' série, t. XIX, p. L85.