Annales des Mines (1870, série 6, volume 17) [Image 193]

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NOTES GÉOLOGIQUES soit L'OCÉANIE ,

LES ÎLES TAHITI ET RA-PA.

de ces contrées a une très-grande analogie avec celle qui couvrait notre continent à l'époque si reculée de la période carbonifère? Dans l'Australasie; la Nouvelle-Guinée et le groupe des

Mes propres observations me conduisent à approuver leinement cette théorie, bien qu'il en existe une autre,

Salomon sont maintenant les seules terres tout à fait inconnues à la géologie.; cependant, d'après les indices, un peu vagues, que l'on possède sur ces terres, elles seraient fort intéressantes ; j'ai déjà parlé dans mon rapport sur la Nouvelle-Calédonie (*) d'une mine de cuivre natif qui existerait aux îles Salomon; cet archipel passe encoreTour con-

tenir, outre une grande richesse végétale, des mines d'or et un voyageur en a rapporté le tibia d'un énorme mammifère, qui semble appartenir au mammouth, ainsi qu'une dent de mastodonte. Ce voyageur assurait que des ossements semblables étaient fort abondants sur une des îles du groupe

et M. de Rienzi, qui rapporta en France les os que nous venons de citer, raconte qu'il possédait une partie d'un dronte, qui devait provenir du même point, mais qui fut malheureusement perdue dans un naufrage (**). Ne serait-il pas intéressant de retrouver dans cet archipel, et peut-être encore vivant, cet oiseau dont l'espèce a disparu sous nos yeux au commencement de ce siècle? Avant de passer à la classe des îles volcaniques, qui doit former le principal sujet de ce mémoire, je dirai quelques mots sur les îles coralligènes spéciales à l'Océanie. Déjà des noms éminents sont liés aux théories que l'on possède sur la formation de ces îles ; ce sont ceux de Darwin, Dana,

Beechy, Clarke, etc. Pour ces savants, les zoophytes qui donnent le corail, ne pouvant vivre à de grandes profondeurs dans la mer, doivent nécessairement prendre leur pied sur les pointes des pics, les crêtes de montagnes, en un mot, sur les sommets des hauteurs sous-marines. (*) Essai Soi' la géologie de la Nouvelle-Calédonie, page 7. C*) De Bienzi. L'Univers, tome ai, page 384.

toute différente, qui a été émise pour la première fois par le naturaliste Forster, compagnon du capitaine Cook ; celui-ci veut que ces îles madréporiques aient pour base un massif

semblable au tronc d'un arbre, duquel se détacheraient des branches qui viendraient aboutir à la surface de la mer,

à une certaine distance les unes des autres, de façon à former cet anneau découpé, qui est, en effet, la forme qu'affectent habituellement ces terres de corail. Cette dernière façon d'envisager les îles coralligènes a dû prendre naissance à l'inspection superficielle de quelques-

unes de celles qui composent l'archipel des Pomotou, groupe voisin de l'archipel de Tahiti et placé sous le protectorat de la France ; il se compose ordinairement, en effet, d'une succession de terres, dont chacune est formée par de longs bancs de coraux de 4.00 à 5oo mètres de largeur ; leur ensemble fait un anneau entourant un lac qui peut atteindre un circuit de 5o lieues. L'intérieur de ce lac, ainsi que les solutions de continuité de l'anneau, sont ordinaimment très-prolonds. Mais toutes les îles de corail n'affectent point cette forme et beaucoup d'entre ellesmanquent aussi de ee lac intérieur. D'un autre côté, dans la théorie de Forster, on ne se préoccupe point de la hauteur de ces édifices sous-marins ; or, il est général que les contours extérieurs de ces îles c,oralligènes ont plusieurs centaines de mètres de hauteur ; comment les polypiers, qui ne végètent que dans les eaux assez chaudes, auraient-ils pu se développer à ces immenses profondeurs où la température doit se rapprocher de celle du maximum de densité de l'eau? (*) (") Même à ces profondeurs, d'après de récents travaux exécutés dans l'Atlantique, l'eau est à 00; ce qui pourrait s'expliquer par des courants cteau provenant directement de la fusion des glaces du pôle (?).