Annales des Mines (1870, série 6, volume 17) [Image 194]

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NOTES GÉOLOGIQUES SUR L'OCÉANIE ,

La théorie plus nouvelle, en donnant pour base à ces Hes les sommets de montagnes sous-marines, explique la grande hauteur d'eau que rencontrent toujours les sondes autour de ces surfaces madréporiques ; quant au lac intérieur qui en forme habituellement le centre, il peut trèsbien provenir, comme on l'a dit, du cratère d'un volcan ou d'une dépression centrale du sommet sur lequel repose l'édifice. Cependant il existe des îles, les Loyalty par exemple, où

le corail s'élève jusqu'à 6o et 8o mètres au-dessus du niveau de la mer, bien qu'il paraisse encore s'enfoncer à d'immenses profondeurs ; comment les polypiers auraient-ils .pu élever du fond des eaux des murailles si hautes, si nous devons croire avec certains observateurs, que ces animaux disparaissent au delà d'une profondeur de io à 15 mètres? Nous avons bien, il est vrai, l'expérience de la frégate an-

glaise le Meander qui a dragué des coraux vivants à une profondeur de 75 mètres environ, dans le voisinage de Tahiti; mais c'est un fait isolé et qui, par cela seul, mériterait une confirmation (*). On pourrait encore expliquer la végétation de ces zoophyles sur de si grandes hauteurs en tenant compte des nombreux mouvements que le sol a subis dans ces parages, il

.o dû certainement y arriver que des îles dont les flancs supportaient des coraux vivants, s'enfonçaient par un mouvement lent, constant, dans le sein de la mer ; les coraux, qui se développent du reste très-vite, s'élevaient au fur -et à mesure, enfin, les sommets de l'île eux-même avaient disparu au-dessous des eaux et les zoophytes continuaient

encore leur mouvement ascensionnel.

Ce fait du mouvement lent et prolongé d'une terre a été () Un câble qui, dans la Méditerranée, avait séjourné à 2000 mètres de profondeur. a été retiré avec des mollusques et coraux à sa

surface. Mais il est probable que ces coraux ne sont pas de l'espèce de ceux qui construisent les îles de l'Océanie.

LES iLES TAUITI ET LAPA.

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constaté dans différents pays et dernièrement encore, dans une lecture faite devant la société philosophique de la Nouvelle-Galles du sud par le géologue du gouvernement, le docteur Clarke, on apprenait que, à la suite de différentes observations astronomiques, on avait constaté que l'emplacement sur lequel s'élève l'observatoire de Sydney et proMeulent la contrée entière, jouissait d'un mouvement de haut en bas, très-lent, mais continu. La conséquence d'un fait semblable au sein de la mer où se développe le corail ne peut être que celle .que nous avons donnée plus haut, c'est-à-dire, l'élévation au-dessus des iles submergées de très-hautes murailles madréporiques, se terminant à la surface par des plateaux qui forment les îles que nous voyons aujourd'hui.

Dans mon rapport sur la géologie de la Nouvelle-Calé donie (p. 4), j'ai donné un court aperçu de la constitution géologique des îles Loyalty, qui dépendent aussi de la France

ces terres coralligènes n'ont pas moins de

200000 hectares de surfaceje ne reviendrai donc pas sur cette question, si ce n'est pour dire qu'elles diffèrent essentiellement de la plupart des autres Îles madréporiques de l'Océanie, en ce sens que ces immenses plateaux ont été soulevés au-dessus du niveau de la mer, jusqu'à une hauteur maxima de 8o mètres environ, tandis que le relief des îles basses, c'est-à-dire de la pluralité des terres coralligènes, n'est point dû à un mouvement de bas en haut, voici ce qui se passa pour ces dernières :

Lorsque les architectes qui élèvent ces assises de leurs squelettes superposés atteignent la surface de la mer, ils périssent ; c'est alors que les vagues, venant battre constamment les contours des plateaux ainsi formés, les rongent à la longue, et rejettent les débris vers l'intérieur, de façon à former une dune qui s'élève d'abord à une certaine hauteur, gagne ensuite en largeur, recouvrant ainsi le récif des débris de ses propres contours et le transformant en une île TOME XVII, 1870.

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