Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 44]

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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

PROCÉDÉS AGRICOLES.

responcl au plus grand profit agricole sans cesser pour cela d'obtenir une épuration satisfaisante. Voici en effet

chaque mille mètres cubes de cette troisième dose ne produisait qu'un accroissement de 8,10 pour 1 oo ;

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comment les choses se passent.

Si l'on envoie très-peu d'eau sur un hectare, le rendement dela récolte augmente, il est vrai, mais dans des proportions trop faibles pour que les frais afférents à la pré-

paration. du terrain et aux soins de l'irrigation puissent être couverts. Il y a donc une limite au-dessous de laquelle l'opération ne serait pas pécuniairement avantageuse. Mais au-dessus de cette limite, toute nouvelle dose, accroissant

le rendement et n'accroissant pas sensiblement les frais (ils sont, comme on sait, à peu près indépendants de la quantité d'eau) , apporte nécessairement un bénéfice. On peut ainsi élever la close et augmenter en même temps le profit total, tant que toute addition d'eau détermine un surplus de rendement. Or les observations recueillies en divers lieux et les expériences de Rugby démontrent qu'on peut effectivement augmenter beaucoup la dose (si le terrain, bien entendu , s'y prête) , sans cesser d'accroître le rendement; ainsi, même au delà de 25. oo o mètres cubes, la commission de Rugby obtenait encore un résultat frucet c'est précisément la distinction que nous tueux. Mais signalions en commençant l'accroissement de rendement qui correspond à une certaine dose supplémentaire n'est

pas le même, suivant que ce supplément s'ajoute à une dose déjà forte ou à une dose encore faible. Il résulte en effet des expériences de Rugby : Que sur une terre arrosée avec 7. 5oo mètres cubes d'eau

à l'hectare, l'accroissement de récolte dû à chaque mille mètres cubes était 12,50 pour 100 de la récolte primitive, c'est-à-dire de la récolte obtenue sans arrosage; Qu'en ajoutant une nouvelle dose de 7. 5oo mètres cubes+ chaque mille mètres cubes de cette dose additionnelle n'ap-

portait qu'un accroissement de récolte de io,5o pour oo ; Qu'en ajoutant une troisième dose de 7.500 mètres cubes,

Et ainsi de suite, en s'affaiblissant à mesure qu'on forcait davantage la dose. Il est donc évident qu'au-dessus d'une certaine limite, il y a plus d'avantage à reverser la dose supplémentaire sur un deuxième hectare de terrain, malgré les frais d'appropriation qui en résultent, qu'à la superposer sur le même hectare. L'écart entre les deux rendements correspondants fait plus que compenser les frais d'arrosage du deuxième hectare. Il est assez difficile, on le comprend, d'assigner cette limite qui peut varier avec une foule de circontances. La commission de Rugby l'a fixée à I 2. 0 oo mètres cubes environ

(pour les terrains de Rugby, s'entend), c'est-à-dire qu'audessus de ce chiffre il y aurait, suivant elle, plus de béfice à reporter le surplus sur un autre hectare (*). D'autres praticiens, entre lesquels M. Hope, l'un des concessionnaires

des eaux d'égout de Londres, ont articulé, dans l'enquête de i865, le chiffre de 7 à 8. 000 mètres cubes comme étant « Eu égard au coût de la distribution, lit-on aux conclusions de la commission, il est probable que le mode d'emploi le plus avantageux consisterait à restreindre les surfaces en adoptant des arrangements spéciaux en vue d'appliquer la plus forte part, sinon la totalité de l'eau, à des prairies permanentes ou autres, (*)

« disposées de façon à pouvoir la prendre toute l'année, en ne (t comptant qu'occasionnellement sur d'autres cultures situées à proximité de l'aire ainsi desservie. On ferait surtout fond, pour obtenir au moyen de l'eau d'égout des produits autres que le lait et la viande, sur le défoncement périodique des prairies et sur l'application à la terre labourée de l'engrais solide résultant de la putréfaction des herbes irriguées. Il est probable que la dose d'environ 12.000 mètres cubes à l'hectare, judicieusement « appliquée sur des prairies bien disposées pour la recevoir, assurerait, dans la grande majorité des cas, le résultat le plus avantageux. » Et plus loin : (A en juger par les résultats des expé-

riences et par ceux de la pratique ordinaire, on doit admettre que l'emploi le plus avantageux de l'eau, dans la majorité des cas, consistera à l'appliquer à raison de 12.000 mètres cubes en« viron par hectare de prairie ordinaire ou de ray-grass d'Italie.