Annales des Mines (1869, série 6, volume 16) [Image 43]

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EMPLOI. DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.

ces eaux les corps étrangers susceptibles de déranger les mécanismes. Ces corps consistent, d' une part en pailles, chiffons, bois et autres objets flottants, d'autre part en pierrailles, fers

PROCÉDÉS AGRICOLES.

sont les conditions principales dont il importe de ne pas s'écarter si l'on veut que ce genre d'opération donne tous les bons résultats qu'on est en droit d'en espérer.

tassés et autres corps durs. La séparation se fait simplement, sans arrêt du liquide, au moyen de grilles et de canaux découverts où la vitesse est assez ralentie pour que les

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2° Dose à l'hectare.

débris pesants puissent se déposer. Quand on n'a pas à pomper, cette séparation n'est plus indispensable ; néanmoins elle peut avoir son utilité pour prévenir l'obstruction dès conduites ou même pour préserver les cultures de la présence de corps inertes sans aucune efficacité pour la végétation. On se détermine à cet égard selon la nature

C'est un point très-controversé que celui de savoir quelle est la quantité d'eau d'égout qu'il convient de faire passer annuellement sur un hectare de prairie. 1.1 va de soi que cette quantité varie suivant le climat et surtout suivant la nature du terrain et ses facilités d'écoulement; aussi

des liquides auxquels on a affaire.

divergence d'opinion. Mais on suppose une même nature de terrain, pareillement cultivé, dans une localité déterminée; c'est dans ces conditions identiques que les chiffres mis en avant par les divers praticiens varient considérablement. On trouve, par exemple, des agronomes qui, dans l'enquête relative à l'emploi des eaux d'égout de Londres, ont réclamé une surface d'arrosage correspondant à une dose de 1. 5oo mètres cubes seulement par hectare (1, tandis que les commissaires belges, chargés d'élaborer le projet relatif à la ville de Bruxelles, ont admis la possibilité de faire passer sur un hectare 200.000 mètres cubes

En résumé, employer les eaux d'égout à l'état naturel, en les débarrassant au besoin des corps les plus grossiers qui pourraient obstruer les conduites ; les répandre aussi .fraîches que possible sur des prairies permanentes disposées en vue d'une irrigation par fossés et rigoles découvertes; amener les eaux par un aqueduc couvert d'une pente d'au moins 20 centimètres par kilomètre, et prévenir l'arrêt des matières dans cet aqueduc ainsi que dans tous autres canaux ; distribuer l'eau par la seule gravitation et conséquemment remonter, s'il est nécessaire, le flot à la machine; de facon à commander la surface d'arrosage; choisir des terrains dont la perméabilité soit en rapport avec la quantité de liquide qui doit les traverser et en général préférer les sols légers et drainés ; veiller par-dessus toutes choses à ce que l'écoulement, soit superficiel, soit souterrain, se fasse bien et qu'il n'y ait nulle Part de nappe stagnante ; éviter le voisinage des villes ou même des districts populeux et s'attacher à se bien placer plus encore qu'a diminuer les frais de parcours ou d'élévation mécanique; conduire enfin l'irrigation avec toutes les précautions qui en assurent la marche régulière et qui préviennent les accidents de nature à nuire au voisinage, telles

n'est-ce pas à ce point de vue que nous signalons une

Sans nous arrêter à ces extrêmes, nous dirons que les appré-

ciations usuelles varient entre 5. 000 et 20.000 mètres cubes.

La cause d'un aussi grand écart tient à ce qu'on ne se place pas au même point de vue. Les uns raisonnent implicitement comme s'il s'agissait de retirer le plus grand profit

possible de l'eau d'égout, les autres comme s'il s'agissait d'en épurer la plus grande quantité possible sur une surface donnée. Or on peut dépasser notablement la dose qui cor(*) 80.000 hectares pour 120 millions de mètres cubes par an. (**) 60 hectares seulement pour 12 millions de mètres cubes.