Annales des Mines (1869, série 6, volume 15) [Image 14]

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NOTICE SUR. P. BERTHIER.

NOTICE SUR P. BERTH IER.

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sauce de cette composition est, en effet, d'un puissant secours. lorsqu'on veut remonter à toutes les influences qui

peuvent agir dans les opérations métallurgiques, où l'on brûle de grandes quantités de combustibles, comme dans la fabrication de la fonte. Mais i! est encore un tout autre point de vue, auquel ces

études présentent un intérêt d'un ordre plus élevé; car elles éclairent les relations qui existent entre les éléments inorganiques des végétaux et le sol qui les supporte. C'est ainsi qu'elles apportent un tribut important à la physiologie

et à l'agriculture, qu'elles rattachent à la chimie et à la géologie.

Théodore de Saussure, le premier, a exécuté des analyses

exactes de cendres de végétaux ; il a montré qu'il y a un certain nombre d'éléments minéraux, faisant tout aussi essentiellement parties constituantes des plantes, que le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote. Avant lui, on regardait les substances minérales contenues dans les végétaux, et que ceux-ci laissent sous forme de cendres, quand on les brûle, comme purement accidentelles ; on les croyait introduites dans leurs tissus avec l'eau qu'ils puisent incessamment dans le sol, en vertu de la capillarité, sans que les forces vitales pussent jouer aucun rôle, quant au choix de ces substances et à leur distribution dans les différents organes. Après une longue série de recherches, Berthier est arrivé à des faits qui précisent et étendent ces notions (*).

Une première remarque, c'est qu'aucune analyse ne lui présente d'alumine, à part toutefois celle qui peut provenir

d'une petite quantité d'argile, adhérente aux racines et mélangée ensuite avec les cendres. Cependant cette terre existe dans tous les sols cultivables, et souvent en proportions très-considérable. Son absence dans le végétal tient (*) Annales des mines, 20 série, t. Pr, p. 241, 1827.

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probablement, ajoute Berthier, non-seulement à ce que cette base est insoluble dans l'eau, mais aussi à ce qu'elle n'a que des affinités très-faibles, qui ne lui permettent pas de se combiner aux acides organiques, en présence de bases fortes, telles que les alcalis, la chaux, la magnésie et les protoxydes de fer et de manganèse. Le rôle du principal de l'argile, est surtout phycomposé d'alumine sique, par suite de son action absorbante sur l'engrais ; elle

le tient comme en dépôt, et le fournit peu à peu aux végétaux.

Quant à la silice, elle est rarement en grande quantité dans les cendres de bois, tandis qu'elle se trouve, au contraire, en proportion très-considérable, dans les cendres de beaucoup de plantes herbacées, notamment de celles des graminées. Cette substance peut être introduite dans les végétaux, à la faveur de sa solubilité dans l'eau et de la facilité avec laquelle elle se combine aux alcalis. L'influence du sol, sur la composition des cendres de bois d'une même espèce, a été constatée sur de nombreux exemples. Si l'on examine les cendres de végétaux différents, crus .dans le même terrain, on trouve que, pour les espèces qui ont de l'analogie, les cendres ont beaucoup de rapport entre

elles, mais que, pour des végétaux de genres très-différents, les cendres sont aussi très-différentes ; d'où il faut ,conclure que les plantes choisissent, dans le sol, les substances qui leur sont le plus propres, et que celles-ci ne 's'y introduisent pas par simple succion capillaire, ou par voie mécanique. Ainsi l'on voit des arbres qui croissent dans un sol argileux, donner des cendres néanmoins trèschargées de chaux, tandis que la cendre du froment, cultivé dans un sol calcaire, n'en contient presque pas.

C'est l'étude de la composition des cendres des' végé-taux que Berthier reprit, d'une manière très-approfondie à la fin de sa carrière, lorsque sa mise à la retraite lui donna de longs loisirs. Il se livra alors à son goût pour