Annales des Mines (1869, série 6, volume 15) [Image 11]

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NOTICE SUR P. BERTHIER.

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qui est dépourvu d'alcali, le silicate de manganèse, connu sous le nom de bustamite, fut aussi pour Berthier le sujet d'une observation, dont l'importance s'est surtout montrée Plus tard ; il reconnut que clans l'altération, le métal s'est isolé de la silice, en passant à l'état de peroxyde (*). C'est ainsi que, dans cette direction, comme dans plusieurs autres, Berthier préludait aux études classiques sur la décomposition des roches silicatées en général, dont son éminent élève, Ebelmen, a plus tard enrichi la géologie chimique.

L'auteur d'études si variées sur les combustibles charbonneux, ne pouvait oublier les bitumes naturels, dont on commençait alors à faire très-grand usage pour les dallages

et pour les enduits, non plus que les schistes dits bitumineux, que l'on entreprenait de distiller aux environs d'Autun pour en extraire des huiles destinées à l'industrie, fabrication dont l'invasion des pétroles d'Amérique a plus tard arrêté l'essor (**). Il serait trop long d'examiner tout ce que nous ont appris les nombreux travaux de Berthier sur les minerais de cuivre notamment ceux du Chili, sur les minerais d'argent et, en particulier, ceux du Mexique, sur les minerais de nickel ; on ne peut les lire, sans y trouver des documents précieux tant peur la connaissance minéralogique de ces minerais que pour leur traitement. A la suite des nouvelles esp.èces de silicates qu'il découvrit et dont il vient d'être question, halloysite, nontronite et autres, il faut citer une espèce particulière de silicate de cuivre, de même qu'un sulfate de cuivre, voisin de la brochantite. A côté de l'antimoine sulfuré que fournissent les filons de Chazelles (Puy-de-Dôme), il signala une combinaison de (*) Annales des mines, 4e série, t. II, p. 5211, 1842.

r) Annales des mines, 3' série, t. XIII, p. 6o5, 1858.

NOTICE SUR P. BERTHIER.

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sulfure d'antimoine et de sulfure de fer qu'il nomma baidingérite en l'honneur de M. de Haidinger, mais à laquelle cet éminent minéralogiste it imposé le nom de berthiérite conservé depuis lors (*). Cette espèce a été retrouvée, plus tard, dans d'autres localités. On vient de voir comment, dans ces diverses recherches, qui initient intimement à la constitution des minéraux les plus importants, Berthier a découvert un certain nombre d'espèces nouvelles.

Ce ne sont pas les seules dont on lui doive la connaissance.

En analysant les minéraux zincifères qui constituent le gîte de Franklin, État de New-Jersey, il décela, en 1819, dans le minéral noir, associé au zinc oxydé manganésifère, une combinaison nouvelle de peroxyde de fer et de protoxyde de zinc, à laquelle il donna le nom de franklinite (**). Ce minéral est analogue au spinelle, ainsi qu'Abich le confirma pleinement, en 1831, dans ses belles études sur cette famille de minéraux. Comme d'ordinaire daim, les mémoires

de Berthier, les considérations théoriques sont suivies ici d'observations pratiques ; l'auteur montre qu'on pourrait tirer un parti très-avantageux de ces minerais, et cela, de plusieurs manières ; on lesutilise en effet aujourd'hui, et, après avoir fourni du zinc, ils donnent de la fonte blanche miroitante, propre à la fabrication de l'acier.

L'examen d'un minerai de fer du Sénégal, de FoutaDiallon, avait fait reconnaître à Berthier une espèce minérale nouvelle, un hydrate d'alumine. Bientôt après iI retrouva cette même espèce en France, où elle constitue des masses considérables dans la commune des Baux, près Tarascon, département des Bouches-du-Rhône; le mélange d'argile et d'hydrate de peroxyde de fer, qui cache habituel(*) Annnles des mines, ," série, t. III. p. 262, 1828. (**) Annales des mines, 1" série, t. IV, p. /185, '819. TOME XV, 186a