Annales des Mines (1865, série 6, volume 8) [Image 45]

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GISEMENT SALIN DE STASSFURT-ANBALT.

eipalement sur le littoral de la Méditerranée. L'eau de mer contient en effet, en moyenne, o,o7 p. iø de chlorure de potassium, soit la 3e partie du chlorure de sodium qu'elle renferme, et ce potassium se retrouve tout entier, comme nous l'avons indiqué plus haut ( chap. III), dans les eaux mères qui ont déposé la presque totalité de leur sel gemme, Dans l'origine, ces eaux mères étaient simplement évaporées, et l'on utilisait à l'état d'alun la plus grande partie de la potasse qu'elles renfermaient. Plus tard, les besoins de la consommation ayant provoqué une hausse rapide

dans le prix du chlorure de potassium, et ayant rendu possible la vente du sulfate de magnésie, jusque-là sans valeur, elles furent exploitées en vue de la production de ces deux dernières substances. Cette fabrication, installée dans presque toutes les salines de l'Hérault, et perfeCtionnée par l'introduction des appareils réfrigérants de M. Carré, donna longtemps d'excellents résultats, mais elle était loin de pouvoir répondre aux exigences croissantes de la consommation. Aussi, pour maintenir l'équilibre entre la demande et la production, était-on obligé d'enlever chaque année à l'agriculture une fraction croissante des matières premières qui lui étaient autrefois destinées, pour les faire servir à la fabrication des nombreux sels de potasse qu'exigent, dans une mesure sans cesse grandissante, les verreries, la photographie, les fabriques de produits chimiques, la pharmacie, et par-dessus tout la fabrication de la poudre. Un pareil état devait amener tôt ou tard une crise agronomique, dont, comme nous le verrons dans un instant, les

premiers symptômes se faisaient déjà sentir en plusieurs points de l'Europe. La découverte d'un gisement de sels de potasse, présentant des dimensions qui sont de nature à calmer les prévisions des esprits les plus alarmistes, est venue donner une nouvelle face à la question et transformer le problème de la recherche des matières premières, en celui de l'utilisation

industrielle des substances que le gisement est en état

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fournir en si grande abondance, pendant une période que les calculs ne peuvent atteindre. Or, comme nous l'avons vu, la potasse se trouve dans le

gisement à l'état de chlorure de potassium et de magnésium, lui-même mélangé, par l'exploitation, au chlorure de sodium et au sulfate de magnésie voisins ; et, d'autre part, le traitement industriel que subit la Carnallite ne fait qu'isoler le chlorure de potassium, en le séparant des substances avec lesquelles il était combiné ou mélangé. Il reste donc à extraire du chlorure les sels qui ont une application commerciale, et principalement l'azotate, le sulfate et le carbonate de potasse. La première de ces trois transformations est depuis longtemps usitée dans les fabriques de salpêtre.; elle s'effectue

par la double décomposition de l'azotate de soude et du chlorure de potassium qui, mis en présence dans une liqueur chaude et concentrée, donnent du chlorure de sodium

moins soluble, qui se précipite, et une eau mère chargée d'azotate de potasse que l'on fait cristalliser. Aussi est-ce à la production du salpêtre, lui-même destiné à la fabrication de la poudre à tirer, qu'a été employée d'abord la plus grande partie du sel obtenu à Stassfurt ; mais ce débouché est devenu promptement insuffisant pour consommer la production toujours croissante des usines, car ces dernières eussent pu fournir, en 864, la quantité de

salpêtre nécessaire à la fabrciation de 25. 000 tonnes de poudre (*).

(*) On avait exprimé pendant quelque temps la crainte que les salpêtres fabriqués avec les produits de Stassfurt, renfermeraient toujours de la magnésie en quantité suffisante pour en altérer un peu la qualité. Une analyse faite, sur notre demande, par les soins du bureau d'essais de l'École des mines, a montré que cette crainte était sans fondement, et que dans 20 grammes de salpêtre provenant de la raffinerie impériale de Paris, on ne pouvait constater que des traces tout à fait indusables de magnésie, sans influence aucune sur la qualité de la poudre à la fabrication de laquelle ce salpêtre était employé.