Annales des Mines (1865, série 6, volume 8) [Image 44]

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CISEMENT SALIN DE STASSFURT-ANIMT.

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nous paraît destiné à rendre, dans un bref délai, toute concurrence difficile, et à servir d'aliment principal, sinon exclusif, aux principaux marchés de l'Europe. 'CHAPITRE VII. APPLICATION INDUSTRIELLE ET AGRONOMIQUE DU CHLORURE DE POTASSIUM ET DES PRODUITS ACCESSOIRES DE SA FABRICATION.

I.

Sources et emplois industriels des sels de potasse.

Si la présence du sel gemme à Stassfurt a exercé une grande influence sur le mouvement commercial du chlorure de sodium en Prusse, la découverte des chlorures déliquescents, à la partie supérieure du gisement, a produit une vé-

ritable révolution dans l'industrie des sels de potasse de l'Europe entière. Jusqu'à cette découverte, en effet, les sources de production de la potasse étaient extrêmement restreintes, et se réduisaient à peu près aux trois suivantes : 10 L'azotate de potasse, provenant du lavage des terres chargées simultanément de matières azotées et de carbonates alcalins (grottes de Ceylan et de Hongrie; terre végétale du Bengale). 20 Le carbonate de potasse, extrait par lessivage des cenHondres de bois et autres matières végétales (Russie, grie, Amérique) et du résidu de la fabrication de l'alcool à l'aide des mélasses de betteraves (Schlempekohle). 5' Le sulfate de potasse et le chlorure de potassium, retirés des eaux mères des salines ou des marais salants, et des cendres des plantes marines, parmi lesquelles il faut citer en première ligne les varechs. La première de ces trois sources fait dépendre l'industrie de la potasse en Europe, de l'importation étrangère, et ne fournit qu'un nombre fort limité de produits toujours chers, et impropres par cela même à être consommés régulière-

ment par l'industrie, et surtout par l'agriculture.

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GISEMENT SALIN DE STASSFURTANBALT.

La seconde, autrefois très-puissante, a perdu :peu à peu son ancienne importance, et ne joue plus aujourd'hui qu'un rôle accessoire qui ira efi diminuant encore à l'avenir. Il est vrai que, dans ces derniers temps, on a préconisé, comme nouvelle et importante source de carbonate de potasse, le désuintage des laines de brebis ; il existe, eu effet, à Reims, une industrie fondée sur cette opération, et livrant au commerce du carbonate de potasse fort estimé à cause de sa pureté ; mais, outre que ce produit est d'un prix élevé (8o francs les 100 kilogrammes en 1864), les limites extrêmement restreintes de sa fabrication ne permettent de lui donner qu'un très-petit nombre d'applications. Une toison fournit, en effet, 3oo grammes à peu près de suint desséché, composé en moyenne de Gr.

Sulfate de potasse Carbonate de potasse (1. Chlorure de potassium Matières organiques.

soit pour

1,33,5

2,5 49,5

150,0

3,0 50,0

300,0

100,00

7,5 .4

100

Elle donne donc, en moyenne, 15o grammes de sels de potasse, et comme le nombre des brebis, dont on pourrait soumettre la laine au dessuintage, s'élève annuellement, en France, à 6 millions au plus, la quantité maximum des sels de potasse, que l'on pourrait retirer de cette opération, atteindrait à peine, par an, 900 tonnes, soit le vingtième seulement de la production actuelle des usines de Stassfurt. Mais l'importance de cette fabrication est encore réduite par l'usage, de plus en plus répandu en France, de parquer les brebis, car cette coutume appauvrit les laines en suint, et restitue au sol, par contact, une partie des sels de potasse qui lui avaient été primitivement enlevés.

La troisième source seule a une iniportance réelle, et constitue la base d'une industrie puissante développée prin(*) Les analyses de M. Jacquelain ont montré que ce carbonate n'était jamais entièrenient pur, et qu'il renfermait toujours quel'flues centièmes de carbonate de soude.