Annales des Mines (1865, série 6, volume 8) [Image 46]

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Le second de ces problèmes n'est résolu que depuis trèspeu de temps, par le procédé mentionné plus haut, à l'aide duquel MM. Vorster et Grôneberg transforment, par double décomposition, le kieserite et le chlorure de potassium en chlorure de magnésium et sulfate de potasse. Quant à la transformation directe du chlorure en carbonate, malgré les primes offertes par le gouvernement prus,. sien, elle n'a pas encore reçu jusqu'à ce jour de solution in.dustrielle ; elle a d'ailleurs une importance moindre que les problèmes précédents, une des trois grandes sources de potasse, mentionnées plus haut, ayant le carbonate pour produit direct, et ce dernier s'extrayant, en outre, facilement du sulfate, par le procédé de M. Leblanc. Les deux transformations actuellement connues suffisent donc pour donner un développement rapide à l'exploitation et à la fabrication du sel à Stassfurt ; aussi, tandis qu'en 1865 encore le Zollverein était obligé de demander à l'importation étrangère 8. 9. oo tonnes de potasse, qu'il n'obtenait qu'a des conditions

fort onéreuses, le mouvement inverse se produit aujourd'hui, et nous avons vu, au commencement de cette année, le chlorure de potassium prussien apparaître sur le marché de Paris, et y faire une concurrence énergique aux produits indigènes. Nous devons, pour être justes, mentionner en terminant les efforts faits par l'industrie française et spécialement par

les salines de la Camargue, pour soutenir, sinon repousser, cette redoutable concurrence (*). Le chlorure de potassium ayant été réduit, en moins de f

GISEMENT SALIN DE STASSFURT-ANUALT.

GISEMENT SALIN DE STASSFURT-ANHALT.

18 mois, presqu' à la moitié de sa valeur, on ne pouvait plus, dans le traitement des eaux mères des marais salants, faire (*) Quant à l'industrie de la soude-varech, également atteinte par la concurrence prussienne, elle a continué à se développer à cause de la production de l'iode, dont elle possède jusqu'ici le pri-

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de ce corps l'objet principal de la fabrication, et cette dernière, complètement modifiée, s'effectue aujourd'hui de la manière suivante dans les salines de la Camargue (*) On recueille séparément les trois séries de dépôts qui se. forment, par évaporation spontanée de l'eau de mer, à 52,

35 et 55 degrés de l'aréomètre de Baumé, et qui renferment, ainsi que nous l'avons dit plus haut, le premier, la presque totalité du sel marin à un état de pureté à peu près parfaite ; le second, le sel mixte (**), composé par parties égales de chlorure de sodium et de sulfate de magnésie, et le troisième, le sel d'été, mélange complexe de chlorures et de sulfates alcalins, dans lequel toute la potasse, primitivement contenue dans l'eau de mer, se trouve concentrée. Ce sel, le seul dont nous ayons à nous occuper, est dissous dans une eau chargée de sulfate de magnésie provenant de l'opération même et portée préalablement à une température voisine de 100 degrés. La dissolution ainsi formée laisse déposer par refroidissement un peu plus de la moitié de la potasse qu'elle renferme (55 p. 100 à peu près) sous forme d'un sulfate double de potasse et de magnésie : MgO,SW

K0,S03+ 6110,

qui constitue, comme nous le verrons plus tard, un excellent engrais minéral. Mais en attendant que ce sel soit consommé directement par l'agriculture, on en retire le sulfate simple du potasse par dissolutions et cristallisations successives. .Deux opérations (dont les eaux mères servent à la dissolution du sel d'été brut) suffisent pour l'amener à la teneur de 8o p. ioo, qui paraît particulièrement favorable à la transformation en potasse brute, la petite fraction de (*) Les renseignements sur les salines du Midi de la France sont dus à une obligeante communication de M. Balard. (**) Ce sel, introduit dans les appareils réfrigérants, donne par

vilége, et dont elle a pu, grâce à une consommation toujours crois-

double décomposition du chlorure de magnésium qui reste dessous, et du sulfate de soude qui se dépose et qui est livré au com-

sante, élever le prix à mesure que celui de la potasse allait es

merce.

s'avilissant.