Annales des Mines (1865, série 6, volume 7) [Image 87]

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DU HODNA ET DU SAHARA.

VOYAGE DANS LES BASSINS

blanc, tantôt cristallin à grains fins, tantôt compacte

avec

petites parties vitreuses; il a alors l'aspect du calcaire d'eau douce ; on y trouve des concrétions siliceuses opalines et des nids de grès quartzeux rougeâtre. A la partie inférieure de la berge, le cataire est écailleux et se mélange de sables jaunes quartzeux qui sont très-abondants sur le talus; certains bancs présentent une pâte blanche terreuse au milieu de laquelle il y a de nombreuses concrétions un peu rou-

geâtres, avec quelques grains de quartz vitreux. Il me paraît incontestable que ce calcaire blanc est bien un élément du terrain saharien, et qu'il remplace sur la rive gauche de l'oued en Neca le gypse que nous avons vu former des couches épaisses et régulières dans la province de Constan.

tine. Mais sur la rive droite de la rivière, il est

remplacé

lui-même par du calcaire dolomitique blanc grisâtre, saccha,

roïde, plus ancien d'âge et appartenant probablement au terrain nummulitique antepyrénéen de M. Élie de Beaumont. Ce calcaire dolomitique constitue d'une manière gé-

nérale le terrain auquel on a donné le nom de Chebkha (réseau, filet) . Le pays des Beni Mzab n'est pas une protubérance mon-

tagneuse, c'est un plateau -régulier qui s'élève d'une manière uniforme depuis la rive droite de l'oued en Neça, jusqu'auprès de la Dayat de Tilremt, à une journée de marChe au sud de Laghouat. Ce plateau est formé, comme le terrain saharien, de couches régulières, parallèles en général au relief extérieur du sol, et plongeant comme lui du N.O. au S.E. Il est découpé par de grandes vallées fortement encaissées, dirigées à peu près suivant la ligne de plus grande pente des couches, c'est- à-dire du N.O. au S.E., et allant se jeter a peu près parallèlement les unes aux autres dans la grande dépression qui va d'Ouargla à Tougourt. Les principales vallées sont : l'oued Zegrir, l'oued en Neça, l'oued Mzab et l'oued Metlili. C'est dans le fond de ces vallées que se cachent les oasis de Guerrara, Ber4

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rian, Gardeïa et ses annexes Melika, Bou, Noura, Beni Isguen el Ateuf et l'oasis .de Metlili dans la province d'Oran.

À l'exception de Guerrara qui est dans le terrain sa, harien, toutes les autres 'oasis sont enclavées dans la Chebkha qui s'étend au S.O., à l'O. et au N, bien au delà du pays occupé par les Beni Mzab. Ce terrain de Chebkha est très-fatigant pour les chevaux, parce qu'il se compose, à la surface, presque uniquement, de calcaire cristallin très-

dur, blanc grisâtre à l'intérieur, jaunâtre à l'extérieur, ordinairement dolomitique. On y trouve enclavées des couches d'argile de diverses nuances et des lentilles de gypse. Ce dernier est mélangé au calcaire et constitue une roche appelée par les Mozabites : Kaddan, à l'état cru, et Tinchemet, à l'état cuit ; c'est le Tinchemet qui sert à faire le mortier soit pour la construction des maisons, soit pour les magnifiques barrages Sur, lesquels repose en grande partie l'existence des oasis.

En outre de ces barrages il y a de nombreux puits dont la profondeur, très-variable d'un point à un autre, s'élève jusqu'à 71 mètres. Ces puits ne sont alimentés que par des infiltrations qui suintent le long des parois. Lorsque les pluies sont abondantes dans les Beni Mzab, le niveau de l'eau s'élève dans les puits à. mesure que les infiltrations venues de la surface pénètrent plus profondément dans le sein de la terre à travers les interstices des couches, et l'alimentation se trouve ainsi assurée pour longtemps. Mais ce ne sont point des sources ascendantes ni jaillissantes qui déterminent l'élévation du niveau de l'eau ; celle-ci, au lieu de remonter à partir du fond du puits, tombe au contraire de haut en bas, le long des parois. Ordinairement l'eau suinte à la séparation des couches d'argile bleue ou jaune qui sont intercalées entre des couches de calcaire tantôt

blanc et cristallin, tantôt jaunâtre, un peu argileux et à tissu compacte. Ce calcaire renferme des coquilles marines