Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 83]

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SUR M. DIJFRÉNOY.

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NOTICE

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de rhumatisme articulaire qu'il eut en 1824, et dont il

Quant à son caractère , il avait un très-grand fonds de bienveillance et surtout d'indulgence envers les autres; il plaisantait avec ses amis d'une manière aimable et souvent avec une douce ironie dépourvue de toute intention de méchanceté, quoiqu'il sût fort bien tenir un importun à distance et même écarter un indiscret. Quand il souffrait de quelque indisposition, quand il était, excédé par le travail, il devenait très-bref, parfois même assez brusque ; mais devinait-il qu'il vous eût blessé, il n'y avait sortes de moyens qu'il n'employât pour effacer jusqu'aux moindres traces d'une impression désagréable.

subissait quelquefois les retours, sans une disposition aux migraines qui le forçait parfois à s'arrêter, la fatigue physique aurait difficilement pu mettre obstacle à eou activité.

quaient de droiture et de délicatesse, défauts trop contraires à sa nature loyale pour qu'il pût les supporter.

élégance corporelle que l'âge altéra plus tard par un peu d' emb onp oint.

Sa tête était légèrement penchée en avant; sa figure, sans

être régulière, avait de la distinction; elle annonçait

l'expression de sa bouche et de ses yeux dénotait

à la fois la bienveillance du caractère et une extrême finesse de l'esprit. Sa constitution très-vigoureuse lui permettait de suppor. ter de très-grandes fatigues corporelles et, sans une atteinte

Ses manières étaient réservées, son abord était froid envers ceux qu'il ne connaissait pas, mais plein d'aménité dans les rapports intimes ; son geste était sobre, il parlait peu, sa parole claire, nette, concise, sans manquer parfois d'élégance, avait souvent un tour de piquante originalité. Il aimait les jeunes gens et se plaisait à entourer de sa sollicitude, au commencement de leur carrière, les élèves de l'École des mines qui se recommandaient d'ailleurs par leur travail et leur conduite, allant parfois jusqu'à aider de sa bourse ceux dont les familles ne pouvaient leur donner une suffisante assistance. Je n'ai plus à m'étendre sur les qualités de son esprit, elles sont mises en relief par ses oeuvres qui témoignent d'une grande facilité, d'une merveilleuse souplesse permet-

tant de traiter les sujets les plus divers. Dufrénoy possédait en outre un véritable talent d'investigation dont la trace lumineuse brille tout autant dans ses travaux scientifiques que dans ses travaux administratifs, faculté précieuse résultant de l'heureuse association d'un esprit vif et pénétrant et d'une grande sûreté d'appréciation.

Il n'avait de sévérité réelle qu'envers ceux qui manDès ses plus jeunes années, il inspirait la confiance et l'amitié, et quand il avait contracté une liaison, elle était durable. Je ne saurais mieux faire comprendre cette disposition de son excellent coeur qu'en reproduisant l'extrait d'une lettre qu'il écrivit à un ami dont il avait reçu les félicitations à l'occasion de son entrée à l'Institut. « Je vous remercie de votre bonne lettre , nos occu« pations nous empêchent quelquefois de nous donner signe « de vie pendant des mois entiers ; mais si une circonstance

« heureuse nous arrive, si un malheur vient nous frapper, « on est sûr que les véritables amis viennent partager votre « bonheur et soulager votre peine, j'étais donc convaincu « que vous auriez appris avec plaisir ma nomination à l'Aca-

Notre amitié est du reste à l'épreuve de tout événement. Quand on a voyagé ensemble plusieurs an« nées, quand on a partagé les mêmes fatigues et qu'on a « éprouvé les mêmes émotions, il est impossible de rester « indifférent l'un pour l'autre. Si les caractères ne sympa thisent pas, on est brouillé à tout jamais, mais quand au « contraire on a le bonheur de s'entendre. on se voue une « demie n

TOME IV, 1865.