Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 82]

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NOTICE

surtout en vue des applications à l'art de l'ingénieur, fut publié en 1844 et 1845; on verra ci-dessous de quelle manière fut apprécié par ses élèves cet enseignement qui dura

près de 25 ans, Il avait suppléé M. Alex. Brongniart dans son cours de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle ; il l'y remplaça définitivement le 7 octobre 1847 quand la mort vint enlever

aux sciences cet illustre savant. A cette occasion, après quinze ans d'exercice, il quitta le professorat de l'École des mines. Quant à sa manière de professer, je ne puis mieux la faire connaître qu'en reproduisant les paroles mêmes de l'un de ses élèves de l'École des ponts et chaussées, M. Hervé Man.

gon(*), devenu ingénieur et professeur lui-même à cette école. « Sa parole sobre et concise, mais toujours claire et souvent élégante, savait appeler l'attention sur les points les plus abstraits de la science et donner un attrait véri« table aux études les plus arides, L'élève laborieux trouvait toujours auprès de lui un éloge et un encouragement C( auxquels la réserve habituelle de ses manières donnait

un prix tout spécial. C'est avec bonheur que je peux mettre ici ce témoignage public de ma reconnaissance personnelle pour une bienveillance si précieuse, dont beaucoup de ses élèves conservent, comme moi, religieusement le souvenir. » Le moment est venu de parler de l'influence qu'il exerça

sur l'École des mines. D'abord conservateur des collections et de la bibliothèque, il accomplit de 1819 à 1825, dans ces collections, des travaux de classement d'une grande

importance en créant des suites de roches qui existent en-

core; plus tard (i834), inspecteur des études, adjoint et secrétaire du conseil de l'École, puis inspecteur des études en i856, il s'appliqua à maintenir et à faciliter l'accès du (*) Notice sur M. Dufrénoy. Mars 1857.

sua m. DUFRENOY.

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public aux cours et dans les collections de ce bel établissement, à développer le bureau d'essai créé par M. l'inspecteur général Berthier. En même temps, il étudia les projets d'agrandissement auxquels il donna une impulsion décisive lorsqu'en janvier 1848 il devint directeur de cette école. Les résultats de son utile influence ont été signalés avec une véritable éloquence par Senarmont, directeur des études au moment de la mort de Dufrénoy et qui devait malheureusement le suivre dans la tombe à si peu d'années d'intervalle!

« Parmi tant de travaux utiles et glorieux, le plus utile, « le plus glorieux peut-être, est la création de l'École des « mines. JC dis la création, sans crainte d'être démenti par « ceux qui l'ont connue telle que l'avait reçue M. Dufrénoy « et qui la connaissent telle qu'il l'a laissée. « Entre ses mains, tout a changé de face ; des collec« Lions de toute nature se sont ouvertes à l'étude dans des « constructions nouvelles ; l'administration et l'industrie « privée ont trouvé un laboratoire toujours prêt à répondre «à leurs demandes; un grand nombre de jeunes ingénieurs

« sont venus chaque année puiser des connaissances spé« claies à un enseignement presque transformé, et les étran« gers eux-mêmes ont brigué, à l'École des mines, une place « comme une faveur (*). »

Et maintenant que j'ai parlé de Dufrénoy comme ingénieur, comme savant, comme professeur, comme administrateur, ma tâche serait imparfaitement remplie, si je ne le faisais pas connaître comme homme, c'est-à-dire, tel qu'il paraissait à ceux qui l'ont approché.

Sa taille excédait la taille moyenne, et vers l'âge de trente ans il était si bien proportionné qu'il paraissait moins grand qu'il n'était réellement; il avait alors une véritable (A) Dans l'intérêt de la vérité, il convient de dire que, dès 1318, des étrangers ont pu suivre les cours de l'École des mines.