Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 73]

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SUR M. DUFIIÉNOY.

NOTICE

Dans sa mission de Sologne Dufrénoy, après avoir étudié

la constitution géologique de cette contrée, et fait connaître les quatre subdivisions du terrain tertiaire qu'on y observe superposées à la craie, savoir : les calcaires d'eau douce, les argiles légères, les sables avec argile compacte, les fahluns, rend. compte des recherches opérées jusqu'alors pour obtenir des marnes fertilisantes et indique les travaux à entreprendre dans les localités les plus dignes d'intérêt; il proposait, en outre, la création d'un service spécial de géologie agricole. Les conclusions de cet important rapport, adoptées par le conseil général des mines, ont conduit aux travaux d'exploitation qui se poursuivent encore aujourd'hui. Dès 1854, Dufrénoy, conjointement avec MM. les inspec-

teurs généraux Thirria et Levallois, avait étudié l'intéressante et délicate question de la législation des sources minérales ; il avait, en qualité de rapporteur de la commission, présenté un travail des plus complets dans lequel, séparant le domaine de l'ingénieur de celui du médecin, il posa les bases de la loi du 14 juillet 1856 et du règlement du 8 septembre suivant. Bientôt après, sans doute en prévision de l'application de cette loi, il était chargé d'étudier la situation des sources

minérales de Vichy et l'influence que 'pouvaient avoir exercée sur leur régime des sondages effectués à proximité. Finalement, dans la séance du conseil du 13 février 1857, et ce fut là son dernier rapport, il rendit compte de l'étude qu'il venait d'achever, des sources minérales de Plombières, en indiquant les travaux de captage qu'il jugeait à propos de faire entreprendre ; ces travaux ont été exécutés depuis avec le succès le plus complet et tels que les avait conçus cet illustre ingénieur.

Dufrénoy, élevé le 15 octobre 1851 au grade d'inspecteur général de première classe, avait atteint le degré le plus élevé de la hiérarchie des ingénieurs, quand une mort

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prématurée vint soudain mettre un terme à sa carrière, dans les premiers jours du printemps de 1837. Bien que la géologie et la Sa carrière comme savant. minéralogie soient comptées comme parties intégrantes de la science de l'ingénieur des mines, il m'a semblé utile de séparer les travaux relatifs à ces deux sciences de ceux de la carrière d'ingénieur, à cause de l'importance toute parti-

culière qu'ils ont tenue dans la vie de Dufrénoy, car ils eussent suffi à sa célébrité s'il n'avait pas appartenu au corps des mines.

Nous avons vu que son esprit, préparé par de bonnes études littéraires et scientifiques, s'était trouvé propre à toute espèce d'application dès son entrée à l'école des mines, laissant percer partout la rectitude de jugement qu'il avait reçue en partage et les bonnes méthodes de travail, fruit de l'enseignement de l'École polytechnique. Ces dispositions jointes à une tendance marquée pour les sciences naturelles,

le dirigèrent tout à la fois vers l'étude des

grandes masses qui constituent l'écorce terrestre et des éléments particuliers dont elles sont composées. La suppléance de M. Brochant de Villiers à l'École des mines, l'avait mis et maintenu au courant des deux sciences qu'il devait enseigner, lorsqu'en 182 2 fut projeté le travail de la carte géologique de la France ; nous avons déjà mentionné le voyage qu'il fit en 1823, de commun avec M. Élie de Beaumont, sous la direction de leur vénérable maître,

dans le but d'étudier sur place les terrains décrits par les géologues anglais ; ce fut le premier travail qu'il fit avec son jeune collègue et l'origine de « cette noble association, « si féconde pour la science, pour leur commune gloire et « qui devait jeter tant d'éclat sur le corps des mines (*). » Presque tout était alors à faire en France sous le rapport C) De Senarmord. Discours prononcé le 3 mars 1857,