Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 58]

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DU CANADA

SUR LES PÉTROLES

sont d'avis que l'huile minérale provient des réservoirs souterrains situés à une grande profondeur et que la sonde n'a probablement pas atteints. Cette huile a dû tendre, sous les énormes pres-

sions auxquelles elle a été soumise, à s'infiltrer dans toutes les fentes ou crevasses des roches qui lui sont superposées; elle a formé ainsi une multitude de ramifications analogues aux branches d'un filon métallique et dans quelques cas elle a pénétré jusqu'à la surface du sol. Les cavités que le pétrole a remplies sont naturelle-

ment de dimensions variables; elles doivent s'épuiser plus ou moins vite, suivant leur étendue et leur distance des réservoirs d'où l'huile minérale est venue, une fois vidées, il est douteux qu'elles se remplissent de nouveau. Mais en approfondissant les puits qui deviennent stériles, on a de grandes chances de rencontrer des veines qui n'ont pas encore été entamées. Les forages exécutés autour d'Oil-Springs n'ont pas encore pénétré dans l'intérieur de la terre à une profondeur de 500 pieds. Ce ne sont en quelque sorte

que des travaux superficiels. Les explorations sont à leur début. Un signe rassurant, c'est de voir les puits de deux cents et quelques pieds, comme ceux de M. Shaw et de M. Bradley, continuer à

donner du pétrole en quantités aussi copieuses qu'au premier jour. Il convient de remarquer aussi que les localités où l'on a jusqu'à présent cherché l'huile minérale et où on l'a trouvée, sont extrêmement circonscrites. Les indications de pétrole ne sont cependant pas bornées aux environs d'OH-Springs : j'ai déjà dit dans un premier mémoire, que l'huile minérale se montrait dans tout le Canada, du sud-ouest au nord-est, depuis Sarnia jusqu'à Gaspé, et c est en effet ce qui a été confirmé par des découvertes récentes.

Il est vrai qu'en Pennsylvanie et dans l'Ohio, les exploitants d'huile minérale prétendent que les sources s'appauvrissent, qu'elles s'épuisent même dans beaucoup de cas; mais on dit ici qu'il y a sous ces assertions une pensée de spéculation et qu'elles ont pour but de faire hausser le prix du pétrole, qui au printemps ne valait à New-York que 12 cents le gallon, et qui s'y vend maintenant 52 cents. Une compagnie intitulée « Canadian Native Oil cempany » s'est récemment formée à Londres, au capital de 100,000 livres sterling, et a commencé ses opérations en envoyant au Canada un agent, chargé de visiter les sources d'huile minérale et d'étudier toutes les questions qui s'y rapportent. Il suffit de jeter les yeux sur ce qui se passe autour d'OH-Springs pour demeurer convaincu de la vitalité des industries dont cette ville est devenue le centre. Ce ne sont de tous les côtés que scieries, raffineries, usines pour la fabrication

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des barils. Ces établissements se multiplient avec une rapidité à laquelle on reconnaît le voisinage des États-Unis, et plusieurs d'entre eux sont déjà fort bien outillés : ils marchent tous à la vapeur. Dans ce nombre j'ai remarqué une manufacture montée par un américain du Michigan et capable de livrer à la consommation, chaque jour, 150 barils en chêne blanc d'une parfaite exécution ; les barils se vendaient, lors de mon passage à. OH-Springs, Ç5 2 la pièce, mais ils doivent être tombés maintenant à & r.80. Si la tonnellerie procure de beaux bénéfices, l'art du raffineur en donne de

plus larges encore. A Pétrolia, entre Wyonning et Oil-Springs, Mil. Adams retirent d'un baril de pétrole, 25 p. 'eu d'huile blanche à brûler, 20 p. 100 d'huile à lubrifier' et 15 p. 100 de térébenthine minérale qui, aux prix actuels, suffit pour payer toutes les dépenses de la fabrication ; ils obtiennent donc, quoique la perte soit de Li p. 100, un bénéfice considérable. M. Bush, d'Enniskillen, extrait 18 barils de produits raffinés de 25 1/2 de pétrole à savoir r°

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1/2 barils de benzole d'huile blanche à brûler d'huile jaune.

2' 12 1/2 id id. 5° 5

Le benzole se vend en gros e; 2 12 le baril, l'huile blanche ei 8 et l'huile jaune es 6. Quant au pétrole brut, l'extraction du puits revient seulement à 7 ou 8 cents le baril. Avec les déchets de la fabrication, M. Bush fait une sorte de combustible qu'il emploie pour les opérations du raffinage. De ces déchets il retire aussi une sub-

stance visqueuse qu'il mélange avec du benzole et qui appliquée sur la fonte ou le fer, les colore en noir. La partie solide des déchets peut être combinée avec de la térébenthine et transformée ainsi en un vernis noir qu'on dit de très-bonne qualité. Il y avait le ,6 octobre dernier, dix-huit raffineries, dont quatorze en opération,installées autour d'Oil-Springs; celles de MM. Jarvis et Farren,

!Mimes et compagnie, et T. M. M' Lean étaient les plus importantes. Les produits qui en sortent alimentent la consommation locale et commencent même à être expédiés en Angleterre où ils luttent contre les articles similaires exportés des États-Unis avec plus d'avantage que le pétrole brut du Canada ne le fait contre le pétrole brut de Pennsylvanie. De nombreuses raffineries se sont d'ailleurs élevées, depuis deux ans à Sarnia, à Mooretown, à London, à Woodstock, à Hamilton, à Sainte-Catherine et à Toranto chaque jour il s'en fonde de nouvelles dans le Haut-Canada, et toutes

semblent réussir. Le prix de la bonne huile à brûler tend en effet à

monter constamment. Le gallon sur les lieux de production ne