Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 59]

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sun LES PÉTROLES

vaut pas moins de 25 à 3o cents et quelques personnes pensent qu'il va doubler dans le cours de l'hiver. Ce mouvement de hausse est dû à la cherté comparative du pétrole sur le marché des ÉtatsUnis ; les raffineurs du Haut-Canada trouvent à présent du profit à

envoyer leurs marchandises à New-York, expérience qu'ils n'avaient pas encore osé tenter. Les dernières nouvelles de Liverpool sont aussi très-favorables, On n'estime pas à moins d'un million de livres sterling la valeur des huiles américaines qui, en '862, auront trouvé un placement en Europe. C'est un résultat qui peut paraître surprenant, quand on songe que ce commerce est dans l'enfance et que les premières expéditions de pétrole datent seulement de la fin de 186i. Le pétrole brut de Pennsylvanie, se vendait, le 18 octobre à Liverpool, 20 livres sterling la tonne, tandis qu'au mois de mai il n'en valait que 8, et l'huile minérale du Canada qui n'était même pas cotée, il y a sept ou huit mois, obtenait, en octobre, un prix de £ 13 par tonne. La différence de x. 7, entre les pétroles de Pennsylvanie et du Canada, est principalement due, ainsi que je l'ai dit précédemment, à la mauvaise odeur que répandent ces derniers, qui à d'autres égards, offrent un ensemble de qualités commerciales que les autres ne possèdent pas au même degré. Comme l'odeur disparaît dans le raffinage, et que les matières livrées par les usines du Canada soutiennent aisément la concurrence de celles fabriquées aux États-Unis, il y a un grand avantage pour la province à raffiner elle-même ses pétroles ; elle peut le faire aussi dans d'excellentes conditions, puisqu'il n'y a pas ici de loi qui mette d'entrave à l'établissement de manufactures de ce genre, que les terrains et le combustible y sont à bon marché, et que la main-d'oeuvre n'y est pas plus chère qu'en Angleterre. Ce sont là les raisons qui ont donné à l'industrie du raffinage du pétrole l'élan que j'ai signalé. Les prix

des huiles raffinées à Liverpool fluctuaient aux dernières dates,

entre 2 st. 2 d. stg. et 2 st. 8 d. le gallon ; le benzole valait en moyenne 2 sh. e d. et les huiles à lubrifier se vendaient à raison de sa à t5 la tonne, pour les espèces noire et verdâtre, et de 16 à 25 pour les qualités brune et jaune. Ces conditions sont regardées ici comme excellentes, et les propriétaires de raffineries cherchent

presque tous en conséquence à élargir le cercle de leurs opérations.

Il y a un autre motif qui milite en faveur de l'établissement de raffineries au Canada, c'est la cherté des transports entre les lieux de production et de vente. Tant qu'il n'y aura pas un embranchement de chemins de fer de Wyonning à Oil-Springs, le roulage sur

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131. CANADA.

le s plank-road » sera non-seulement onéreux mais encore incer-

tain. En été, par exemple, un baril de pétrole pesant 158 kilogrammes peut être charrié pour t fr. 48 c., tandis qu'en automne et au printemps il faut payer quatre ou cinq fois cette somme; l'éditeur de la chronique d'Oil-Springs a récemment offert 8 fr. 05 c. pour le port d'un baril. Ces prix baisseront quand on aura relié, par des chemins en planches, comme on se propose de le faire incessamment, Oil-Springs à Sarnia d'une part et à Mooretown de l'autre. Sarnia et Mooretown sont situés sur la rivière Saint-Clair, à 25 e à 18 milles d'Oil-Springs. Le fret de Wyonning à Sarnia s'est

maintenu pendant tout l'été à t fr. 48 c. par baril. Le prix de revient du baril de pétrole, prêt à être chargé à Sarnia, n'a donc pu, dans les meilleures circonstances, descendre au- dessous de ici

fr. 79 D. Prix du baril Frais d'extraction de l'huile Transport du puits à Wyonning Dépenses à Wyonning Fret de Wyonning à Sarnia. Frais divers à Sarnia

fr. 2,00 0,07 0,35 0,05 0,28 0,04

De Sarnia à Liverpool, on compte environ ç 5,20, ce qui comprend

les frais de douane, d'entrepôt, de commission, etc , etc. On obtient ainsi un total de près de 42 fr. 80 pour le baril de pétrole

de 182 litres rendu à Liverpool ou de 5,8 fr. pour la tonne de barils 15 hect. 65. Maintenant que la tonne se vend à Liverpool î5 ou % 65,44, il y a un léger bénéfice pour les propriétaires d'Euniskillen, mais pendant l'été, quand le pétrole du Canada valait à peine .£ ti, les exploitants étaient obligés de donner leur huile à des prix qui couvraient à peine les frais d'extraction. La question des transports est une de celles que M. Holt, l'agent de la compagnie anglaise, dont j'ai déjà parlé, a étudiée avec le plus de soin. Actuellement l'avantage est du côté de la Pennsylvanie, dont l'huile peut arriver à Liverpool moyennant ei 7,77 le baril, en évaluant les frais d'extraction et le prix du baril au même chiffre que dans le district d'Enniskillen. Cette différence tient à ce que le frêt de New-York à Liverpool est de e seulement, tandis que de Sarnia à Liverpool il est estimé au double. Le Canada ouest est beaucoup mieux placé cependant pour l'écoulement des bitumes liquides que la Pennsylvanie, et je ne m'étonnerais pas de voir, l'année prochaine , quand la navigation des Lacs et du SaintLaurent s'ouvrira de nouveau, le prix de revient du pétrole à river7 et peut-être même à 5;4 6. Les chemins de fer p001 descendre à TOME IV, 1863.