Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 331]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861,

Cavernes à ossements.

Il y a trois ans que M. Delb os (i) a signalé aux géologues les cavernes ossifères de Sentheim et de Lamy (Haut-Rhin). Les ossements d'ours constituent la plus grande partie des dépouilles

qu'on en a retirées; les autres se rapportent à un renard plus svelte que le renard actuel, à un loup qui ne diffère pas du loup moderne, à un lièvre ou lapin, à une loutre fort semblable à celle de nos rivières, à une très-petite espèce de félis. En étudiant l'ostéologie générale des ours, à propos de ses découvertes dans la caverne de Sentheim, M. D el b os est arrivé à ne

reconnaître que deux espèces d'ours dans la faune actuellement connue des cavernes, l'Urpus prisons et l'Ursus spelaeus. Il ne considère l'IJ. arctoideus que comme une variété de ce dernier et nie

l'authenticité des espèces Pitorrii (Marcel de Serres), giganteus, spelus minor, leodiensis (Schmerling). Jusqu'ici l'Ursus spelus seul a été rencontré à Sentheim, où il est représenté par un grand nombre d'individus. Faune diluvienne.

M. Eudes Deslongchamps (s), a décrit de nombreux ossements de mammifères fossiles de la période diluvienne, trouvés aux environs de Caen et appartenant aux espèces suivantes Felis spela (Coldfus), Hymna fossilis Cuv. (spel2ea Goldf.), Elephas primigenius (Blum). Rhinoceros ticho:

rhinus (Cuv.), Rhinoceros lepthorinus (Cuv.), Equus fossilis (Cuv.), Cervus tarandus, Cervus megaceros hibernicus (Owen), Bos primi genius, Bojanus, Bos longifrons (Owen).

Macrauchenia boliviensis, M. David Forbes a rapporté des mines de Corocoro en Bolivie des restes d'un animal que M. u xley a rapportée au genre Macrauchenia : l'espèce nouvelle est

plus petite de moitié que Macrauchenia patachonica, découverte par M. C. Darwin et décrite par M. Owen : M. Huxley la nomme Macrauchenia boliviensis : ce naturaliste fait remarquer que par la forme des vertèbres cervicales, cet animal se rapproche entièrement des Camélidés : le centre est allongé, les extrémités articulaires

aplaties; il y a un canal vertébral interne, et des apophyses transverses imperforées. Le Macrauchenia unit ces caractères des CaméBull. géol., XVII, 55. Société linnéenne de Normandie, 12` volume.

Quarterly Journal, XVII, 73.

TERRAINS.

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lidés artiodactyles avec ceux des Périssodactyles; le pied de devant

a trois doigts, le fémur a un triple trochanter et l'astragale no porte point de facette pour le cuboïde. Cet exemple est cité pour montrer qu'il faut mettre quelques réserves à la doctrine en vertu de laquelle un seul os ou une seule dent permettrait la restauration d'un animal entier. Le Macrauchenia boliviensis est une espèce très-récente. Coexistence de l'homme et des animaux antédiluviens. M. Pr est wic h (i) est un des géologues qui ont accepté avec le plus d'empressement les idées de M. Boucher de Perthes sur la coexistence de l'homme avec certains animaux dits antédiluviens; ces idées, on le sait, sont fondées sur la découverte des silex taillés d'Abbeville et d'Amiens. Du reste, il a visité lui-même les localités où ces silex ont été signalés et il en a fait la plus minutieuse description dans un mémoire spécial.

Les conclusions auxquelles il s'est trouvé conduit sont les suivantes :

i° Les objets en silex portent la trace du travail de l'homme. 2° Ils se rencontrent dans des lits de gravier, de sable et d'argile qui n'ont jamais été artificiellement dérangés. 3° Ils sont associés à des restes de mollusques testacés terrestres, fluviatiles et marins, appartenant à des espèces encore vivantes et presque toutes communes dans les environs ; ils sont également accompagnés par des restes de Mammifères dont quelques espèces vivent encore, mais dont la plupart sont éteintes. 4" La période à laquelle les objets en silex ont été ensevelis est postérieure à la période du Boulder-Clay ; elle a immédiatement précédé l'époque actuelle. Cette dernière conclusion, en ce qui concerne le Boulder-Clay, est fondée sur des recherches faites par M. Pr es twich à Hoxne en Suffolk, où M. John Frère avait dès 1801 fait la découverte alors peu remarquée de silex taillés.

Plus tard, M. Pr estw i c h (s) a encore attiré l'attention sur quelques nouvellesdécouvertes de silex taillés. La première est due à

M. Warren, un antiquaire d'Ixworth dans le Suffolk.,M. Pr es twi ch alla examiner les localités dans la vallée de la Lark, au-dessous de Bury Saint-Edmonds. [1 ne découvrit ni silex taillés, ni ee(t) Ph. Trans. of the Roy. Soc. of London, CL, 861; 277. (2) Quarlerly Journal, vol. XVII, 362.