Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 330]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

582

TERRAINS.

EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861.

parce qu'ils diffèrent beaucoup par leurs caractères minéralogiques. Le second terrain a pu s'étendre transgressivement sur le premier qui avait comblé les vallées, et sur les hauteurs environnantes, qui évidemment à cette époque étaient sous l'eau. Nous l'appelons pour cette raison diluviutn des plateaux. « ito Le dépôt des deux terrains de transport dont nous venons de parler a été suivi d'une époque d'affouillement, pendant laquelle les vallées précédemment comblées ont été en grande partie déblayées. Cette érosion ayant été interrompue par intervalles, et, par suite, les eaux ayant coulé successivement à divers niveaux, il en est résulté d'anciens lits étagés appelés terrasses. Il n'est pas de rivière un peu considérable qui n'en présente des traces plus ou moins nettes. On observe ordinairement à la surface de ces anciens lits une couche de sable et de cailloux en général peu épaisse, fort différente des alluvions actuelles, semblable au contraire par sa composition minéralogique au diluvium des plateaux, dont elle ne se distingue guère que par le gisement. Nous appelons diluvium des terrasses ce troisième terrain de transport, dont le représentant le plus connu et plus considérable est la formation appelée lehm sur les bords du Rhin. 50 Après les érosions successives qui ont donné aux vallées leur forme actuelle, il est survenu un phénomène très-remarquable, savoir la dispersion des blocs alpins, dits erratiques. On sait que ces blocs, distants quelquefois de 12 à 15 nqyriamètres de leur point de départ, sont répandus par milliers suries versants des mon-

tagnes qui regardent les Alpes et dans les plaines environnantes. Comme on les observe indifféremment sur les trois terrains diluviens indiqués plus haut, et qu'en outre il est prouvé qu'au moment de leur dépôt le sol avait exactement sa configuration actuelle, on doit en conclure que leur dispersion a été le dernier des phénomènes quaternaires; il a clos les temps géologiques, et a établi entre eux et la période moderne une séparation très-nette. » ADOUR. Un mémoire sur le terrain diluvien de la vallée de l'Adour et sur les gîtes ossifères de Bagnères de Bigorre a été publié par M. Leymerie (1). NIIERLANDE. M. St ar in g (2) a, dès 1833, publié une liste des ossements fossiles de l'époque diluvienne en Néerla,nde : il signalait

alors vingt et une localités où ces ossements s'étaient rencontrés; Bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées, 161. Aperçu sur les ossements fossiles de l'époque diluvienne trouvés dans la Séerlande et dans les contrées voisines, par W. G. H. S tari n g.

583

aujourd'hui ce nombre a été porté à cinquante-deux, en Néerlande même, sans compter quarante autres localités appartenant au même terrain en dehors des frontières de ce pays. Les couches à ossements de la Néerlande sont ainsi classées par M. Star n g : couches modernes, telles qu'atterrissements marins, sables des dunes maritimes, atterrissements fluviatiles, tourbières. Sable campinien. Diluvium ardennais, rhénan, mixte, scandinave. Le diluvium ardennais repose immédiatement sur les couches tertiaires, secondaires ou primaires. C'est un mélange de sable, de gravier, de blocs erratiques et de blocs d'argile. Dans le Limbourg ce gravier est constamment recouvert par le limon hesbayen ou par le loess des Allemands. On le rencontre le long de la vallée de la Meuse, de Liége à Grave en Brabant. Le diluvium rhénan, contemporain du précédent, est formé de sable, d'argile et de cailloux originaires des roches rhénanes ; il est à découvert dans la vallée du Rhin. Le (illuvium mixte mélangé de sable, gravier, blocs erratiques

venus de Suède, de Danemark, des montagnes du Weser et de la forêt de Teutoburg , et en même temps de diluvium rhénan, se rencontre au bord du Rhin et du Lek, et au sud de la Vecht dans la province d'Overyssel.

Le diluvium scandinave, non mélangé, est à découvert dans les provinces septentrionales au bord de la Vecht. Les ossements trouvés dans ces couches appartiennent à plusieurs espèces : le plus souvent ce ne sont que des restes de l'Elephas primigenius (Blumenbach), Bos priscus (Bojan.), Bos primigenius (Cuv.). Parmi les espèces moins fréquentes, l'auteur cite : Rhinoceros tichorhinus (Cuv.) Equus adamaticus (Schloth), la même espèce probablement que l'Equus caballus. Cervus elaphus primordialis (Schl oth), qui ne diffère que peu du cerf actuel. Le Renne, Cervus tarandus. Près de MabStricht on a trouvé également des dents d'Hippopotame, des restes d'Ursus spelus et d'une espèce de Chien. Le diluvium ardennais est l'étage le plus ancien du diluvium néerlandais ; tandis que le sable campinien est le plus récent; et suivant M. Star in g , pendant toute l'époque diluvienne, les contrées qu'il cite ont été habitées par les mêmes espèces d'animaux.