Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 332]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1862.

quilles dans le gravier diluvien, formé de débris de silex et de sable.

Mais des silex trouvés accidentellement par M. Warren, et provenant, l'un d'une carrière de gravier, l'autre recueilli parmi les matériaux d'empierrement d'un chemin, ressemblent tout à fait, suivant M. Pr es twi ch, à ceux de la Somme. Dans le Kent, M. L ee ch , a rencontré six silex taillés au pied de la falaise entre Herne Bay et les Reculvers ; MM. E v ans et Pr es twich ont fait eux-mêmes sur ce point des recherches fructueuses, et ils ont trouvé trois silex portant les traces d'un travail humain. D'un autre côté, M. Evans a découvert un silex ovalaire à Swallclif près de Whitstable, dans un dépôt d'eau douce, contenant quelques ossements de mammifères.

Dans le Bedfordshire, M. James Wyatt n'a pas été moins heureux auprès de Bedford. Après des recherches prolongées, il a constaté la présence de deux silex taillés, dans des graviers contenant un grand nombre d'ossements d'éléphant, de rhinocéros, d'hippopotame, de boeuf, de cheval, de cerf; M. Prestwi ch a depuis visité la carrière avec sir Ch. Lyell et M. Evans ; elle est à 10 mètres andessus du niveau de la rivière voisine l'Ouse. Dans cette localité, comme à Hoxne, on peut vérifier que les graviers à ossements sont plus récents que le boulder-clay qui forme les collines placées au nord de Bedford.

M. P restwi ch cite encore une arme primitive trouvée dans le Surrey, et une autre recueillie dans le Hertfordshire. Il n'y a pas lieu assurément de décourager le zèle qui s'attache à la découverte des plus anciens débris de l'industrie humaine ; toutefois les échantillons recueillis dans des débris tout à fait superficiels ont une importance plutôt archéologique que géologique; pour établir la contemporanéité de l'homme avec les mammifères du terrain quaternaire, il faut que les restes de son art primitif puissent être trouvés in situ, dans les graviers diluviens, mêlés aux ossements de ces animaux ; la multiplicité des silex taillés trouvés en dehors de semblables gisements serait bien plus propre à infirmer qu'à confirmer les inductions fondées sur la première découverte de ces instruments. La question de l'homme fossile a aussi été étudiée par M. E d. Collomb (i). Comparant d'abord entre eux les terrains diluviens des vallées de la Somme, de la Seine, de PYonne, fI. C oll o m b en donne des coupes, puis il cherche à établir le synchronisme de leurs divers (1) Des phases de la période diluvienne et de l'apparition de l'homme sur la terre.

TRRRAINS.

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étages avec ceux des terrains diluviens des vallées du Rhin et des Vosges, qui doivent être en partie attribués à des phénomènes gla-

ciaires. M. Coli omb conclut d'aileurs de ses recherches que l'homme, bien qu'on n'ait pas trouvé de squelettes humains sous des dépôts glaciaires, serait antérieur à l'ancienne extension des glaciers dans les Alpes. Cette opinion a au contraire été combattue par M. Desor (i). Ce géologue est d'avis que le phénomène glaciaire du Nord n'est pas d'une autre époque que celui des Alpe, et que l'homme, ainsi que bon nombre d'animaux et de plantes, n'a fait son apparition qu'après la fonte des grandes glaces. M. de Vibr ay e (2) a présenté un historique des faits déjà anciens et assez nombreux, qui confirment les idées de M. Boucher de Perthes et qui semblent indiquer l'existence de l'homme fossile ; il annonce avoir entrepris des fouilles qui l'ont conduit aux mêmes résultats, et il se propose de les publier ultérieurement d'une manière complète. Enfin M. Lar t et (5), le saVant paléontologiste, a fait une étude toutes spéciale des espèces de grands mammifères aujourd'hui éteintes et des squelettes humains ou des débris d'industrie qui s'y trouvent associés. Dans ces derniers temps, ses recherches ont été poursuivies dans diverses grottes à ossements, et particulièrement Aurignac (Haute-Garonne), dans une sépulture humaine qui paraîtrait remonter à une très-haute antiquité, si ce n'est même aux premières phases de la période quaternaire ou diluvienne.

D'après l'étude qu'il a faite de cette période, M. Lartet pense, comme M. Pic t e t, qu'elle est le commencement de l'époque actuelle et que presque toutes les espèces de mammifères qui la caractérisent ont apparu ensemble (A). Si certaines espèces ont apparu en Europe un peu après les autres, il faut l'attribuer à des migrations ; ainsi le Mammouth a vécu en Sibérie avant d'émigrer en Europe. La disparition d'une partie des mammifères de la période quaternaire a pu varier avec les localités dans lesquelles (i) Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neufchdlel, V. Quelques observations sur un article de la Sentinelle du Jura ; extrait du Monde du 27 novembre 1661. - M. M elleville a également indiqué l'existence de l'homme avant le terrain diluvien dans une publication intitulée: Du diluvium, recherches sur les dépôts auxquels on doit donner ce nom et sur la cause qui les a reproduits ; Paris, 1842. - Voir aussi Delanoue; lettre à M. le Mi nislre de l'instruction publique. Nouvelles recherches sur la coexistence de l'homme et des grands mammifères fossiles réputés caractéristiques de la dernière période géologique. Annales des sciences naturelles, 1861, n. 4. Bibliothèque universelle. Archives, 1860; VIII, 265.