Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 94]

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EXPLOITATION DE L'HUILE MINÉRALE

les tourbes, les lignites et les charbons minéraux avaient dû être formés dans des conditions différentes de celles dans lesquelles les pétroles l'avaient probablement été. La for-

mule générale des bitumes liquides est Cn, Hn. Les proportions relatives de l'hydrogène et du carbone varient, mais il n'y a pas de combinaison dans laquelle l'excédant des atomes de carbone soit supérieur à 2. Ainsi l'huile rectifiée de Sehnde, près de Hanovre, C 18 H 2 o, et l'huile lj

extraite des pétroles de Rangoon, C 26, H 28, paraissent contenir les proportions maxima d'hydrogène. En s'oxydant, ces hydrocarbures seraient susceptibles de passer à l'état de bitumes visqueux ou d'asphaltes. C'est ainsi que la découverte des réservoirs souterrains de pétrole d'Enniskil-

len a été due aux asphaltes signalés à la surface du sol par M. Murray et exploités pour la première fois par M. Williams.

De plus longs détails seraient superflus et il n'y aurait pas non plus d'utilité à discuter le mérite des différentes hypothèses qui ont été émises au sujet de l'étendue des réservoirs de pétrole, de leur richesse et du temps au bout duquel ils seront épuisés. Les groupes de Helderberg et d:Hamilton couvrent une grande partie du Canada-Ouest. H y a donc lieu d'espérer que les découvertes d'huiles minérale ne se borneront pas au comté de Lambton, mais qu'elles se multiplieront au contraire au fur et à mesure que la con-

trée sera mieux étudiée. Sir William Logan, géologue en chef du Canada, a signalé dans la section occidentale de la province l'existence d'un axe anticlinal partant de la baie de Burlington, sur le lac Ontario, et passant par London, Chatham et Amherstburg, sur le lac Saint-Clair, c'est-à-dire orienté du N.-E. au S.-0., comme la zone dans laquelle se trouvent les sources d'huile minérale des États-Unis. Les couches stratifiées du terrain dévonien se rencontrent le long de cet axe et plongent des deux côtés en sens opposé. Leur inclinaison est très-petite; elle suffit cependant pour

DANS L'AMÉRIQUE DU NORD.

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que les couches en question s'enfoncent sous les formations carbonifères du Michigan, de l'Ohio et de la Pensylvanie , au-dessous desquelles elles passent à une profondeur d'au moins un millier de pieds. Un coup d'il sur la carte permet de voir que la péninsule du Canada-Ouest est l'endroit où se croisent les couches dont je viens de parler et qui forment la ceinture des bassins houillers du Michigan d'une part, de ceux des Alleghanys de l'autre. L'axe anticlinal de sir William Logan est donc indiqué à l'avance pour les explorations à faire en vue d'obtenir de nouveaux approvisionnements de pétrole. Rien ne donne à penser d'ailleurs que les réservoirs déjà connus soient à la veille de s'épuiser. Il existe dans le monde des sources de bitume exploitées depuis des temps fort anciens et qui ne sont pas encore taries. Les phénomènes auxquels on attribue l'origine des pétroles d'Amérique ont dû se produire sur une immense échelle, et leurs résultats ont été sans doute proportionnés à la granfteur des opérations accomplies par la nature. On s'est occupé dernièrement à classer les huiles minérales d'Amérique et à rechercher les avantages respectifs que présentaient celles du haut Canada et des États-Unis. Suivant le docteur Sheridan Muspratt, ioo parties de pétrole d'Enniskillen donneraient à l'analyse : Naphte de couleur claire ou « benzol° ( densité, 794). 20 Naphte jaune et lourd, huile à brûler (densité, 857). 50 Huile à lubrifier, riche en paraffine 22 Goudron Charbon

Perte.

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Le poids spécifique du pétrole d'Enniskillen brut est en moyenne 855, ce qui se rapproche beaucoup du chiffre 85o regardé en Angleterre comme une sorte d'étalon (standard) pour l'huile minérale de meilleure qualité. D'après le professeur Hincl le pétrole de Pensylvanie est plus léger que