Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 93]

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EXPLOITATION DE L'HUILE MINÉRALE

DANS L'AMÉRIQUE DU NORD.

ton, ils se rattachent évidemment à l'étage dévonien. Cette formation, dans le haut Canada, est représentée à sa base par un grès blanc quartzeux sur lequel repose le calcaire cornifère. C'est ce qu'on appelle la série supérieure de Helderberg. Au-dessus se trouve le groupe d'Hamilton , qui consiste en une succession de schistes noirs et bitumineux, alternant avec des couches minces de grès. Le calcaire cornifère et les schistes d'Hamilton sont caractérisés par une extrême abondance de débris fossiles, qui appartiennent presque tous au règne animal. Ces roches ont dû être déposées dans des eaux très-peu profondes et qui étaient remplies d'être organisées, de crénoïdes , de brachiopodes, de trilobites, etc., etc. Au fur et à mesure que ces animaux mouraient, leurs dépouilles s'accumulaient sur les bords de la mer avec les détritus des rares poissons et des quelques plantes qui marquent la période dévonienne. Le fond de l'Océan tendait en même temps à s'abaisser lentement. Les débris animaux et végétaux amoncelés sur ces rivages ne tardaient pas à être recouverts de sable et de dépôts calcaires qui les protégeaient contre le contact de l'air atmosphérique. La décomposition de ces détritus s'effectuait donc comme dans une sorte de vase clos. L'oxygène des matières en voie de se transformer pouvait entrer en combinaison avec une fraction du carbone, de manière à donner de l'acide carbonique, et avec une partie de l'hydrogène, de manière à former de l'eau. Il devait rester des mélanges d'hydrogène et de carbone, les uns semi - solides, comme certains bitumes, les autres liquides, comme le pétrole, d'autres enfin à l'état de fluide élastique, comme le. gaz des marais. Les tissus des animaux marins d'ordre inférieur ne contiennent presque pas d'azote, et leur composition chimique offre de grandes analogies avec celle de la cellulose ou fibre végétale. Or de la cellulose à l'huile de naphte ou de pétrole, la transition est insensible. On passe graduellement du bois à la torrbe, à la houille, au charbon bitumineux, au cannel

coal, à l'asphalte et au bitume. Les différences proviennent des proportions relatives d'oxygène. C'est ce qui ressort du tableau suivant, que j'emprunte à un mémoire de M. Sterry Hunt, chimiste distingué, attaché en ce moment à la carte géologique du Canada : Carbone.

Hydrogène.

Oxygène

24

20,0 18,4 14,4 13,0 15,o 10,0 8,0 15,9 17,7 14,6 22,0 8,0 24,0

20,0 16,4 9,6 7,6 5,3

Cellulose. Bois..

211.

Tourbe Charbon brun Lignite. Houille.

24 24 24 24

Houille

21t

Albert coal. Asphalte d'Auvergne. Asphalte de Naples Bitume de Derbyshire.. Bitume d'Idria.

24 24 .

Pétrole et naphte.......

24 24

3,3 059

1,6 2,2 2,0

0,3 0,0 0,0

Ces formules viennent en aide à la théorie que j'exposais précédemment et qu'un ingénieur canadien, M. Ch. Robb, a développée, il y a un an, devant l'institut de Toronto. Sans donner la raison de tous les faits, cette théorie ne me paraît

en contradiction avec aucun. Les gaz qui annoncent les sources de pétrole, ainsi que l'eau salée qui les accompagne, s'y trouvent expliqués d'une façon satisfaisante. On avait cru d'abord que le bitume liquide provenait de la distillation de

certains schistes bitumineux qui brûlent effectivement en donnant de la flamme et que l'industrie utilise même en Europe et aux États-Unis, ainsi que je l'ai indiqué précédemment, pour en extraire des huiles. M. Sterry Hunt a toutefois combattu cette opinion, qui ne semble pas, du

moins au Canada, d'accord avec les faits, puisque les grands réservoirs de pétrole ont été rencontrés dans des couches inférieures aux schistes, dans le calcaire cornifère par exemple, auquel les schistes d'Hamilton sont superposés. M. Sterry Hunt a très-bien fait voir, à mon avis, que Tour. II, 1862.

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