Annales des Mines (1860, série 5, volume 17) [Image 88]

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SITUATION COMMERCIALE DES HOUILLÈRES

canal d'abord et au chemin du Nord ensuite, et entreprendre dans ces dernières années le creusement des fosses à grande section, en même temps qu'elle installait sur les anciens puits des machines d'une grande puissance, transformait son matériel et agrandissait ses moyens d'action; toutes les dépenses, même celles de premier établissement, comme creusement de puits, construction de bâtiments, achat de nouvelles machines sont payées dans l'année ; les banquiers de la compagnie, loin d'être ses créanciers, sont ses débiteurs; l'amortissement tel qu'il fonctionne pour les compagnies de chemins de fer est chose inconnue; c'est à ses travaux accumulés depuis près d'un siècle, plus encore qu'a la richesse et à l'étendue de ses concessions que la compagnie d'Anzin doit le degré de prospérité auquel elle est parvenue; le même esprit préside toujours à ses conseils ; au milieu des entraînements de la spéculation qui a signalé ces dernières années, la compagnie a poursuivi activement ses travaux, ne cherchant son bénéfice que dans un développement légitime et régulier de ses exploitations. D'autres compagnies du département du Nord, quoique moins importantes que celles d'Anzin ne sont pas administrées avec moins de prudence et de sagesse; la bonne situation des compagnies d'Aniche, de Vicoigne et de Douchy en est la pi-cuve; leur constitution est semblable à celle de la compagnie d'Anzin.

On n'est que juste en louant la sagesse des principes qui dirigent l'administration de toutes ces compagnies. L'intervention des compagnies du département du Nord à l'origine de la formation des compagnies houillères du Pas-de-Calais, a eu pour résultat de donner à quelques-unes d'entre elles, la même organisation et

DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS.

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d'y faire prévaloir les mêmes principes; mais ce l'ait n'est point général ; le décret du 25 octobre 1852, qui

défend la fusion des compagnies de mines, à moins d'une autorisation préalable du gouvernement, en leur ôtant ce concours, a nui à leur développement, car il les a privées des moyens d'action puissants que leur

fournissait l'appui de sociétés qui apportaient, avec leurs capitaux, l'expérience des travaux de mines. L'insuffisance de capitaux a été très-sensible dans le Pas-de-Calais; les travaux de mines sont commencés depuis 1849, et cependant il n'y a pas encore de chemins de fer qui desserve les houillères; aucune fosse n'est reliée par chemin de fer aux canaux ; bientôt la compagnie du Nord aura terminé la ligne d'Arras à Hazebrouck par Lens et de Lens à Douai ; mais il restera encore à relier plusieurs fosses aux chemins de fer et à établir entre elles et le canal de la Bassée des

embranchements de chemin de fer pour les expéditions par bateaux ; c'est évidemment le manque de capitaux qui retarde l'exécution de travaux essentiels et qui arrête, par suite, le développement de la production. En douze ans on est arrivé seulement à produire 5oo.000 tonnes; si l'on avait eu assez d'argent pour pouvoir exécuter rapidement les voies de communication, on .produirait le double aujourd'hui. En Belgique beaucoup de sociétés sont constituées comme celles d'Anzin ; plusieurs ont également la sagesse de faire chaque année des réserves et de les employer au développement de leurs travaux ; mais plus d'une affaire a donné lieu à des spéculations désastreuses; il existait et il existe encore beaucoup de concessions peu importantes ; un grand nombre était

exploité à forfait et pour un temps limité ; de là une concurrence fatale et des ruines fréquentes. Depuis