Annales des Mines (1855, série 5, volume 7) [Image 45]

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ANCIENNES CARRIÈRES DE PARIS.

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ANCIENNES CARRIÈRES DE PARIS.

tendre exploitée à Saint-Leu et à Trossy sur les bords de l'Oise. Il résulte également de leurs observations que jusqu'au xlle siècle, les palais, les églises et autres monuments de Paris furent construits avec la pierre des carrières ouvertes aux portes de la ville, dans les buttes Saint-Marcel, Saint-Jacques, et du Mont-Parnasse, et que les pierres de l'Oise affluèrent plus tard à Paris, où elles furent principalement employées dans les assises supérieures des édifices.

Si l'on ajoute aux quantités énormes de matériaux consommés par les monuments du vieux Paris , toutes celles qu'absorbaient les constructions privées, on ne sera pas surpris du développement immense pris par des carrières où l'on venait ainsi incessamment puiser. Ces exploitations continuées pendant plusieurs siècles,

sans aucune précaution de la part des exploitants, sans aucune surveillance de la part des autorités, ne pouvaient manquer d'avoir à la longue des résultats funestes. L'enceinte de Paris en s'avançant vers le sud avait progressivement embrassé tous les terrains fouillés par ses premiers habitants. Mais comme il n'existait aucun plan des anciennes carrières, comme les puits qui y donnaient accès étaient pour la plupart comblés, la tradition seule conservait le souvenir de ces fouilles, et l'on

savait qu'une partie de la ville de Paris reposait sur des vides immenses, sans que personne se préoccupât d'une aussi dangereuse situation. Une très-petite portion de ces Vides était connue sous le nom de Caves de l'Observatoire et visitée par ceux

que la curiosité y amenait. Les conducteurs, après avoir fait longtemps circuler les promeneurs dans les galeries qui se replient et s'entre-croisent sous l'édifice , s'arrêtaient dans un enfoncement où le ciel de la carrière laissait échapper quelques infiltrations de la.

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fontaine de l'Observatoire, et ils assuraient qu'on était sous la Seine, au delà du Petit-Châtelet (1). Ln effondrement aussi subit que considérable , suryenu , en 1774, entre le Boulevard Neuf et la barrière d'Enfer, jeta dans le public les premiers germes d'inquiétude. D'une extrême sécurite l'on passa tout d'un coup à une extrême frayeur. Les plaintes, les murmures des habitants forcèrent le gouvernement à porter son attention sur le danger, et, le 15 septembre 1776, le Roi étant en son Conseil, ordonna que toutes les carrières seraient incessamment visitées par le sieur Dupont, ingénieur nommé et commis pour prendre connaissance desdites carrières , lever les plans partout où elles s'avance-

raient sous les grands chemins, rues, ou maisons de Paris et marquer sur lesdits plans tous les endroits qui manqueraient de soutien et pourraient être en péril. FONDATION DE L'INSPECTION GÉNÉRALE DES CARRIÈRES.

Les connaissances que procura un premier et rapide

examen révélèrent toute l'imminence du danger. Le comte d'Angiviller, directeur général des bâtiments du

Roi, crut devoir se rendre compte par ses propres yeux de l'état des excavations accessibles. Il les visita avec le lieutenant de police Lenoir, assisté d'une commission des membres de l'Académie d'architecture. Cette solennelle visite mit hors de doute la nécessité d'affecter un personnel et des fonds suffisants aux opérations

souterraines réclamées par la sûreté publique, et, le 4 avril 1777, le sieur Charles Axel Guillaumot , architecte du Roi , se trouvait appelé aux fonctions de contrôleur, inspecteur général en chef des visites et opérations (i) Le Petit-Châtelet défendait, sur la rive gauche, l'entrée du Petit-pont.