Annales des Mines (1849, série 4, volume 16) [Image 42]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE LOCOMOTIVE

SUR LE CHEMIN DE FER DE CHARTRES.

monté sur le tender de cette machine; son chauffeur, le nommé Lecoq, graissait sous la machine elle-même les diverses pièces du mouvement. Sur le tablier de la Française et sur son tender étaient placés les sieurs Poncet et Legrand, mécanicien et chauffeur de cette machine, ainsi qu'un sieur Bloom, payeur des entrepreneurs. Trois ouvriers étaient assis ou debout près la voie et dans le voisinage des deux machines. Enfin, un grand nombre d'ouvriers terrassiers étaient placés en arrière,

coq, dont le crâne a été fracassé, est en défini-

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sur une banquette du talus de gauche le long des wagons de terrassement qu'ils achevaient de remplir. Le chargement des wagons se continuait activement, et son achèvement n'exigeait plus qu'un travail de deux à trois minutes. Tout à coup on entend une explosion terrible semblable à un coup de canon : des torrents de vapeur se répandent dans l'air et enveloppent tout l'a vaut du convoi. Quand le nuage est dissipé et que les spectateurs d'abord frappés de stupeur accourent, ce triste spectacle s'offre à leurs yeux Le sieur Lecoq est étendu près la voie, à droite du tender de la machine le Creusot, la tête vers

l'avant du train. Dehalle; tout ruisselant d'eau

est trouvé à Io métres environ sur le talus de gauche. Les trois ouvriers placés dans le voisinage des machines sont étendus à la place même où ils se trouvaient.

Le mal n'est pas heureusement aussi grand qu'on le croit tout d'abord. Delialle est relevé et on constate qu'il n'a éprouvé aucun mal, si ce n'est une légère brûlure à la jambe. On reconnaît aussi que les trois ouvriers sont seulement brûlés plus ou moins profondément, et que 'Le.

tive la seule victime de ce terrible accident. Quant aux sieurs Poncet , Legrand et Bloom montés sur la Française, au bruit de l'explosion, ils se sont précipités à terre sans se rendre compte de ce qui se passait et n'ont éprouvé aucun mal.

Les soins à donner aux blessés ayant occupé presque uniquement toutes les personnes présentes à l'événement, nous avons pu, quoique venu sur les lieux quelques heures après, constater la situation exacte du matériel après l'explosion. Nous avons trouvé : La machine le Creusot à 20m en avant de sa première position, couchée surie côté gauche suivant une ligne diagonale à la voie, privée de sa plate-forme, de ses essieux et roues d'arrière, de sa cheminée et fortement avariée dans ses parties les plus essentielles. Son tender, resté à peu près dans sa place primitive, mais soulevé à l'avant et maintenu dans cette nouvelle position par l'essieu d'arrière du Creusot, qui, muni de ses deux roues, était venu se poser à peu près verticalement, une roue appuyée sur le sol entre les deux rails, l'autre roue soutenant par sa jante le bord antérieur du tender précité. La machine la Française, dans sa position première, avec quelques légères avaries dans sa boîte à fumée, occasionnées par la chute du tablier du Creusot. Tou te la partie postérieure de cette machine, savoir : la plate-forme du mécanicien, les

portions correspondantes des châssis latéraux comprenant les plaques de garde, les ressorts et les boites à graisse d'arrière, était venue, après avoir fait un demi-tour sur elle-même, s'appuyer