Annales des Mines (1849, série 4, volume 16) [Image 43]

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SUR LE CHEMIN DE FER DE CHARTRES.

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE LOCOMOTIVE

d'un côté sur la boîte à fumée de la Française, de l'autre sur le tender du Creusot, par l'extrémité de la barre d'attelage.

Un certain nombre de débris du Creusot gisaient d'ailleurs sur la voie et sur les talus de la tranchée. Ainsi, la cheminée avait été lancée à 6o mètres en avant et la traverse antérieure de la machine à Io mètres dans le talus de gauche.

La voie de fer avait également éprouvé de graves détériorations. A 8 mètres environ de la place primitive du Creusot, deux rails correspondants de 5 mètres de longueur avaient été brisés en sept morceaux. Puis, au lieu même où la machine était couchée, les rails avaient encore été brisés et arrachés de leurs coussinets en partie détruits. Enfin, divers objets situés dans le voisinage de la machine qui a fiait explosion, avaient été renversés et dispersés. Revenant vers le Creusot pour y rechercher les causes d'une action destructive aussi considérable, nous avons reconnu que la paroi supérieure

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tachée a occasionné une violente secousse, et, par suite, la rupture du châssis qui s'est produite un peu avant les roues d'arrière. La machine devenue libre a fait alors un premier bond de 5 à 6 mètres qui a brisé la traverse d'avant et les deux rails qu'elle a choqués; puis, un deuxième bond, qui l'a conduite jusqu'à 20 mètres dans la position définitive indiquée ci-dessus. D'un autre côté, la

partie postérieure du châssis de la machine, arrachée de l'avant, mais encore liée au train, a dû,

par un effet de réaction analogue à ce qui se passe dans la rupture d'un corps doué d'élasticité et de flexibilité, par un effort de traction longi-

tudinale, être lancée en arrière, ce qui alors a déterminé la rupture du boulon d'attache du ten-

der. Elle a ainsi passé par dessus ce tender, en fàisant un demi - tour sur elle -même et a été arrêtée dans son mouvement par la boîte à

laire.

fumée de la Française. Le soulèvement du tender du Creusot et la position prise par l'essieu d'arrière de cette machine s'expliquent d'ailleurs facilement. C'est ce soulèvement qui a lancé le mécanicien Dehalle en arrière sur le talus de gauche. Nous venons d'indiquer ici sommairement la cause de l'accident, il convient, pour l'apprécier à sa juste valeur, d'entrer maintenant dans quelques détails techniques. La machine le Creusot a été construite dans les

phénomènes qui se sont produits.En effet, l'échappernent de la vapeur par la large issue qui lui

Elle a été livrée à la compagnie de Versailles (rive gauche) le 26 avril 1841, et, depuis cette époque,

du foyer s'était déchirée sur toute sa largeur à 6 cen-

timètres environ de la paroi la plus voisine du mécanicien et avait basculé tout entière comme s'il avait existé une charnière près la paroi tubu-

Ce fait suffit pour expliquer l'intensité des

était offerte a nécessairement donné lieu à une énorme réaction agissant sur la partie supérieure de la chaudière. Soumise à cette force instantanée, la machine le Creusot a dû. être lancée en avant ; mais l'inertie du train auquel elle était at-

ateliers de MM. Schneider frères, au Creusot. elle a fait un service qui n'a été interrompu que pendant le temps nécessaire aux réparations courantes que subissent les machines en activité. A dater du 28 septembre i848, elle a été employée