Annales des Mines (1849, série 4, volume 15) [Image 252]

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SUR LES PUITS NATURELS

Il est très-naturel que les orgues géologiques, qui s'éloignent de tant de manières diverses de

celle d'un cylindre vertical , présentent sur les parois qui les recoupent toutes sortes de figures et de dessins. C'est là ce qui a trompé Clère , et lui a fait croire qu'outre les tuyaux cylindriques il existait, dans la pierre de Maëstricht , une seconde espèce de cavités polymorphiques qu'il appelle horizontales. La terre végétale qui fait partie de leur contenu et qui ne peut être regardée, d'après la description de Clère, que comme entièrement englobée dans le tuf crayeux, aurait dû l'amener à une investigation plus attentive : alors il aurait reconnu son erreur au sujet de ses cavités horizontales. M. de Bonnard fait aussi mention , mais d'une manière tout à fait générale, des cavités tubulaires qui se présentent dans le terrain de craie

d'Angleterre. Je ne me rappelle aucune sur ce sujet.

notice

Les tuyaux cylindriques du calcaire grossier de Paris avaient déjà été décrits avant ceux de la craie tufau. Héricart de Thury mentionne la présence des tuyaux cylindriques clans la roche où sont creusées les catacombes de Paris. Il les appelle puisards, puits et gouffres. Bory de Saint-Vincent rappelle aussi qu'on les rencontre dans les carrières des environs de Paris, et qu'on les y nomme fontis. Bose a trouvé les puits naturels dans les anciennes carrières de Vissegnecourt, à 5 kilom. de Prémontré, sur la lisière de la forêt de SaintGobin (Aisne). Ils traversent un banc de calcaire grossier marin, et sont ou verticaux, ou fortement inclinés. Leur diamètre est de i mètre et même

OU ORGUES GÉOLOGIQUES.

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de tr",20 , leurs parois sont lisses; ils sont remplis d'une terre argileuse de même nature que celle qui Compose les couches dont le banc calcaire est recouvert. Enfin de Léonard a reproduit la lithographie d'un dessin fait par Passy, et qui représente le profil d'un puits naturel de forme irrégulière trouvé dans la carrière de Duclair, près de la Seine. On dirait un dessin tiré du Pétersberg et même de la carrière de Burtscheid , si la stratification à peu près horizontale des couches n'y était pas indiquée.

Voilà, à ma connaissance, toutes les descriptions d'orgues géologiques et de puits naturels de la craie et du calcaire grossier, auxquels les tuyaux cylindriques du calcaire dévonien (ou de l'Eifel), à Burtscheid , peuvent se rattacher sous tous les

rapports. Les seules différences entre eux, c'est que les premiers sont presque toujours pleins, et les seconds toujours vides, et que ceux-ci sont fa-. dies à reconnaître pour les conduits verticaux de sources minérales , qui chez ceux-là n'existent plus. C'est justement cette double différence qui

devait par un examen réciproque conduire

à

l'éclaircissement des faits.

Si des corps terreux, des morceaux de roches,

du sable pénètrent d'une manière quelconque

dans les trous de sources de Burtscheid , ils sont bientôt dissous et décomposés par l'action chimique et mécanique des eaux, et sont ensuite rejetés au jour par quelque autre orifice de sortie.En tout cas les eaux se feront toujours, à travers ces matières

désagrégées, la place qui leur est nécessaire. Les sources qui peuvent avoir pour issue les tuyaux existant dans la craie tufau et le calcaire grossier appartenaient à une époque ancienne. Cette hypo-