Annales des Mines (1848, série 4, volume 14) [Image 71]

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14°

MESURE DU TRAVAIL DYNAMIQUE

velle qui fait tourner les broches par le moyeu de poulies, de cordes et de tambours. Le dynamomètre que nous avons employé ne peut servir à mesurer que le travail développé par la main droite du fileur. Celui de la main gauche peut d'ailleurs être négligé sans inconvénient; car il est très-faible comparativement au premier à cause de la légère. pente donnée aux barres roulantes , laquelle est déterminée de manière à ce que le chariot puisse se mouvoir de lui-même par l'action de la gravité sans aucune pression de la part de l'ouvrier. Ce dynamomètre (PI. I, fig. o) consiste tout simplement en un ressort en spirale adapté à la

manivelle, ressort qui est plus ou moins tendu suivant que l'effort exercé est plus ou moins gred. Le fuseau qui forme l'extrémité de la manivelle et qui est serré par la main du travailleur

est donc mobile autour du centre du ressort, et peut indiquer, au moyen d'un style fixé à son axe, la force produite par l'ouvrier. Il suffit pour cela d'assujétir à la roue formant volant, qui est représentée/4;r. 10, un cadran sur lequel on marque

avec un burin des divisions correspondantes aux positions prises par la manivelle sous l'action de différents poids suspendus successivement à la circonférence de ladite roue. Cette graduation a été faite en ma présence avec tout le soin possible, à partir de t ,jusqu'à 8 kilogrammes. L'appareil ainsi gradué a été porté sur un métier que l'on a fait fonctionner plusieurs fois pour

pouvoir obtenir une moyenne d'une exactitude suffisante.

Il est résulté d'une nombreuse série d'essais que

D'UN OUVRIER FILEUR.

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la pression produite par la main de l'ouvrier peut être exprimée moyennement d'une manière trèsapprochée par 3 kilogrammes. Il faut ajouter que ces expériences ont été faites lentement, de manière à- éviter les erreurs qui auraient pu résulter d'une trop grande vitesse ou de secousses imprimées à la manivelle. Cette force de 3 kilogrammes est constante puisqu'elle équivaut aux résistances opposées par le frottement des cordes et

des poulies, frottement qui, comme on le sait, ne dépend que d.e.la nature des surfaces de con-

tact sans être aucunement fonction de la vitesse ni de l'étendue desdites surfaces; mais il n'en est pas de même de la vitesse et par suite du travail mécanique de l'ouvrier. Le travail mécanique suppose toujours en effet une résistance vaincue et un chemin parcouru ; et comme il est -proportionnel

à chacun de ces deux éléments, il est aussi proportionnel à leur produit , qui , par suite , peut

lui servir de mesure. Ainsi, il est clair que le

chemin parcouru dans l'unité de temps par la résistance que, pour fixer les idées, je suppose être un poids agissant à la circonférence de la roue est essentiellement variable, et qu'il est d'autant plus grand que le diamètre de la broche ou de la bobine sur laquelle le fil s'enroule est plus petit. L'espace parcouru par le point d'application de

la résistance ou le nombre de tours de la roue varie donc en raison inverse de ce diamètre, et

pour apprécier rigoureusement le travail de l'ouvrier, il faut prendre une circonférence moyenne entre toutes celles que forme le fil autour de la broche, et en déduire le nombre de tours que doit

faire cette broche, d'après la longueur du fil