Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 350]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. D'AUBUISSON.

avec une lucidité de discussion qui lui donna enfin le succès. Il raconte les circonstances de cette dis-

conseil municipal de Toulouse renfermait alors ce y avait de plus élevé dans la ville par la !ortune, la position, l'influence, et plusieurs des personnages qui le composaient ont marqué dans nos annales politiques ; c'étaient certainement des

cussion dans son Histoire des fontaines de Toulouse, petit ouvrage (I) qu'il écrivit pour la ville en 1828, et qui est précieux, si je puis ainsi parler, par une sorte de simplicité naïve, mais pleine de force, qui semble rappeler particulièrement la manière d'écrire de Saussure. Ce petit écrit, qui est surtout consacré à la description détaillée des travaux et des dépenses de l'établissement des fontaines et à celle de leur système alimentaire, retrace aussi la suite des délibérations et des essais qui en ont amené l'exécution définitive. Sous ce rapport il ne fournit pas seulement matière à l'étude des savants et des praticiens, il peut offrir aussi quelque intérêt à tous ceux qui ont à s'occuper des intérêts généraux des cités. Ils pourront y reconnaître particulièrement, ce que montrent tant d'autres exemples, de combien peu dépend souvent dans les assemblées délibérantes le sort des projets les plus importants : dans la séance du conseil municipal où l'on décida de l'opportunité

de cette grande mesure de l'établissement des fontaines et presque implicitement de son mode d'exécution, si clair et et si simple, les avis furent tellement partagés que la voix prépondérante du maire, M. de Bellegarde, fut nécessaire pour empêcher l'ajournement indéfini. Et cependant le (1) Il fait partie des mémoires de l'Académie de Ton-

buse, t. II, 1830. Beaucoup plus lard, en 184,0, sur l'invitation pressante qu'il en reçut, M. d'Aubuisson fit un petit extrait de ce travail pour les Annales des pontset-chaussées ; mais cet extrait, fort court et fort pâle, ne renferme absolument que les résultats économiques de l'établissement des fontaines.

esprits distingués, mais ce n'étaient pas des hydrauliciens, et M. d'Aubuisson dut enlever leur conviction et leur suffrage , détruire des objections spécieuses et des craintes qu'il était facile d'inspirer à des esprits généralement étrangers aux sciences.

Heureusement pour la ville, il y réussit, et nous ne nous serions point du reste arrêté sur ces détails, si nous n'avions eu à coeur de montrer qu'il ne pos-

sédait pas seulement le jugement et la sagacité d'un savant, mais encore ce talent assez rare de présenter ses idées sous un jour vif et lucide, qui emporte et force pour ainsi dire les convictions.

11 ne s'agissait pourtant, dans l'exécution de ce projet, nous avons besoin de le dire, d'aucun avantage personnel pour M. d'Aubuisson; quoiqu'il assumât une responsabilité grave et qu'il se donnât une occupation longue et importante, car il devait être l'âme de l'exécution du projet comme

il l'avait été de sa délibération, il n'en voulait tirer d'autre bénéfice que la satisfaction d'être utile,

satisfaction toute personnelle; car il savait dans l'intérieur de son âme qu'il n'y a point de fond à faire sur la reconnaissance des cités ,et que l'on est vite oublié lorsque le bien est accompli. Quoi qu'il en soit, ce grand projet fut immédiatement mis à'

l'étude et son exécution complétée au bout de dix années, ce qui peut paraître aujourd'hui un terme assez long, mais les revenus de la ville

n'étaient ainsi grevés pour l'avenir d'aucun engagement , il y avait économie réelle à ne point se