Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 349]

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SUR M. D'AUEUISSON.

NOTICE NÉCROLOGIQUE

soulèvement. Et cependant l'esprit élevé de l'auteur ne méconnaissait point l'effet des causes générales (1) dans le vaste relèvement des couches horizontales du sol et dans les grandes directions linéaires de ces relèvements ; mais il est à regretter qu'il ait gardé sur ces questions une réserve trop strictement imitée de celle de Saussure. En revanche , tout ce qui tient à la description physique du globe, aux températures de son écorce et de son atmosphère, à l'action des eaux, à la mesure des hauteurs, est traité avec un soin et une précision des plus remarquables. A la suite de cette publication importante M. d'Aubuisson fut élu membre correspondant de l'Institut pour la section de minéralogie : il était aussi secrétaire perpétuel de l'académie de Toulouse, et nous devons ajouter qu'il sut donner à cette société savante, soit par ses efforts personnels, soit par son exemple, un peu de cet éclat dont souvent ne brillent que trop passagèrement les sociétés de province. Mais il lui était réservé d'être d'une utilité plus réelle à sa ville natale : le monument hydraulique dont il contribua pour une si belle part à la doter fera vivre longtemps son nom dans la mémoire de ses concitoyens; il le fera vivre aussi dans celle des savants par les belles recherches sur les mouvements de l'eau et de l'air qui en furent la conséquence, et qui, réunies dans son Traité d'hydraulique avec tout le corps de cette science si précieuse, formeront ainsi le plus positif', le plus durable sans doute de ses titres scientifiques. .

(1) Témoin un passage remarquable du I" volume, page 350 de la I" édition, page 344 de la e.

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En i817, le conseil municipal de Toulouse, dont M. d' Aubuisson faisait dès lors partie, décida que pour ne point laisser périmer faute d'em-

ploi un legs de 5o.000 francs fait par l'ancien capitoul Lagaue, une somme importante serait consacrée à la création et à l'alimentation de fontaines qui devaient distribuer des eaux limpides dans toute la ville. Ce luxe des eaux, ce luxe vital des grandes cités, pour lequel les anciens se mon-

traient d'une prodigalité si magnifique et d'une si grande hardiesse de travaux, la ville de Toulouse, riveraine d'un grand fleuve , ne le possédait pas encore. A diverses époques, plusieurs tentatives avaient été faites , plusieurs projets présentés, soit pour amener dans la ville des sources

voisines, soit pour dévier à grands frais des affluents de la Garonne, la Garonne elle-même ou l'Ariége : mais la science et l'art avaient échoué, les moyens du moins avaient été insuffisants ou les dépenses jugées hors de proportion avec les ressources de la cité. M. d'Aubuisson , appelé à délibérer sur ce sujet si important pour la ville dans les conseils de laquelle il était entré, saisit du premier coup d'oeil le parti que l'on pouvait tirer

de la grande masse d'eau courante qui en baigne les murs , et qui devait fournir à la fois et la matière alimentaire des fontaines et la force motrice nécessaire pour l'élever et la répandre. Cette idée si simple et si féconde n'était cependant encore que celle du petit nombre : M. d'Aubuisson l'étudia avec l'habileté d'un praticien, la réduisit par le calcul à ses termes les plus simples; sûr alors de ses avantages et saisissant cette conviction avec la vigueurd'esprit qui lui était ordinaire, il la défendit dans le conseil avec une persévérance et