Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 343]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

le ir 3 février 18o7 il fut attaché au corps des mines à titre d'ingénieur. Voici à quelle occasion : Le

territoire français ayant pris, par suite des conquêtes, une grande extension, l'empereur voulut qu'il fût créé quatre ingénieurs pour être attachés aux départements nouveaux que l'on avait formés aux dépens des territoires du Piémont, de la Belgique et de la Suisse. Les cadres du corps étaient restreints et deux élèves seulement se trouvaient alors disponibles ; quoiqu'il fût établi dès lors qu'il ne devait s'alimenter que par l'Ecole polytechnique, le besoin d'hommes de savoir et d'expérience étant néanmoins immédiat, M. d'Aubuis-

son fut proposé par le Conseil des mines et nommé bientôt après : on lui confia le service des départements de la Doire et de la Sésia. C'était sans doute

une anomalie aux règles existantes; tout ce qu'il nous est permis de dire à ce sujet, c'est que cette anomalie ne pouvait être justifiée par un mérite plus réel et plus spécial, par de plus grands services scientifiques dans le passé et par de meilleures garanties pour l'avenir. C'était pour f administration des mines, si je puis le dire, une bonne fortune extra-légale, dont on peut ici se féliciter franchement, car un exemple amené par un tel concours de circonstances et de mérite ne saurait être un dangereux précédent. M. d'Aubuisson demeura cinq ans dans sa résidence du Piémont; il les passa dans une activité continuelle, au milieu des forges nombreuses, des mines métallifères de cette contrée subalpine, et de la haute ceinture de montagnes qui l'enclave. De temps en temps néanmoins il revenait à-Paris pour la publication de ses travaux scientifiques qui ne furent pas un instant interrompus et pour

683 lesquels il mettait au contraire à profit les convenances de son service, celles des localités intéresSUR M. D'AUBUISSON.

santes qui l'entouraient. Les départements qu'il avait à inspecter, et l'on peut dire à organiser sous le rapport minéralogique, étaient situés sur la pente des Grandes Alpes : c'est de cette position qu'il profita pour se livrer à des études géologiques d'une part, de l'autre à des expériences du plus haut intérêt sur l'important sujet de la mesure des hauteurs par le baromètre. Ses observations géologiques ont été résumées dans un mémoire inséré au Journal des mines, tome XXIX, sous le titre de Statistique minéralogique du département de la Doire. Indépendamment de l'intérêt matériel qui s'attache toujours à l'étude d'une contrée peu connue, la composition de ce travail et les généralités importantes qui y sont renfermées le recommandent à l'atten-

tion : il n'est point restreint en effet à des observations de minéralogie, il embrasse pour ainsi dire tous les détails de la constitution physique et cli.matologique de ce versant des Alpes, il décrit en

style pittoresque la disposition des vallées, la structure et l'aspect des montagnes, la nature du sol, des cultures, donne les hauteurs des principaux sommets, parmi lesquelles plusieurs avaient été mesurées par l'auteur même ; il expose aussi le résultat de ses propres observations sur la limite des neiges perpétuelles, la variation des cultures avec le niveau du sol , sur la hauteur des habitations les plus élevées, enfin sur cette triste plaie des contrées montagneuses, bien digne de l'attention des naturalistes et qui avait occupé Sanssure, le crétinisme. Son esprit observateur embrassait ainsi tous les sujets, saisissait tous les Tome XI, ,847. 44